Quai de Horta, lundi 8 juillet 2014,
les gestes sont précis, rapides et coordonnés. Les amarres sont une
à une retirées, seule la garde nous retient encore à la terre.
Juliette est à la bouée arrière, moteur tribord en marche arrière, encore lié quelques secondes par la garde, le bateau pivote doucement sur le plan d'eau lisse de la Marina. Ce quai que nous arpentons depuis un mois s'éloigne. Il est 10h du matin et nous quittons la dernière île de notre périple avant nos îles bretonnes et bientôt notre maison, notre famille et nos amis. Açores-Bretagne,1250 MN en ligne droite, est loin d'être la plus longue traversée, pas forcément la plus simple pour la mer et la météo, mais c'est la dernière pour cette boucle atlantique entamée depuis 11 mois. On veut en profiter, entre l'envie de pouvoir marcher demain sur la plage de Hoedic, puis bientôt embrasser nos proches et l'envie de continuer cette vie sur l'eau qui nous plaît tant. Le livre n'est pas refermé mais on entame la rédaction du dernier chapitre.
Juliette est à la bouée arrière, moteur tribord en marche arrière, encore lié quelques secondes par la garde, le bateau pivote doucement sur le plan d'eau lisse de la Marina. Ce quai que nous arpentons depuis un mois s'éloigne. Il est 10h du matin et nous quittons la dernière île de notre périple avant nos îles bretonnes et bientôt notre maison, notre famille et nos amis. Açores-Bretagne,1250 MN en ligne droite, est loin d'être la plus longue traversée, pas forcément la plus simple pour la mer et la météo, mais c'est la dernière pour cette boucle atlantique entamée depuis 11 mois. On veut en profiter, entre l'envie de pouvoir marcher demain sur la plage de Hoedic, puis bientôt embrasser nos proches et l'envie de continuer cette vie sur l'eau qui nous plaît tant. Le livre n'est pas refermé mais on entame la rédaction du dernier chapitre.
On mesure, ce matin de juillet, le
chemin parcouru depuis le départ le 12 août dernier, tant sur la
façon de mener le bateau, de faire les manœuvres : jeter
l'ancre pour la 100ème fois, envoyer la GV ou prendre un ris, que
de vivre ensemble pendant des jours, dans un espace confiné sans
espoir de s’échapper. De tout cela, nous ne savions pas grand
chose au départ, nous avons encore beaucoup à apprendre, mais tout
le monde à bord a acquis suffisamment d'expérience pour que ce
départ soit la promesse d'une belle navigation ensemble au long
court.
On sait déjà que la météo devrait
nous permettre de bien profiter en allongeant la durée sur l'eau,
car on part dans la pétole la plus complète. Il nous faut
contourner l'anticyclone installé sur le nord des Açores, puis
remonter au près dans du tout petit temps avant d'espérer faire
route vers le Golfe du Morbihan. Nous avons ce qu'il faut dans les
soutes pour faire fonctionner le moteur 5 à 7 jours et se nourrir
presque tout l'été, mais ce n'est pas une raison pour le passer sur
l'eau.
La lente remontée est très propice.
Propice à l 'énervement après 5 virements de bords nous ayant
permis de ne pas progresser sur la route directe en 5 heures, propice
aux petites réparations d'une monture qui vient de parcourir 15 000
MN et qu'il faut ménager car on veut aller encore loin, propice aux
jeux de société, de cartes, à la lecture et au visionnage de
films, propice à la cuisine car cette fois, pas de restriction de
gaz, propice aux premiers bilans du voyage : des escales, du
Cned, des choix techniques, des si c 'était « à refaire
je mettrais quoi pour l'énergie » etc..., enfin propice aux
discussions de « qu'est-ce qu'on fait t'on à la rentrée »,
les sujets collège, lycée et boulot, noyés dans l'eau chaude et
turquoise des Bahamas, ressortent dans les brumes humides de
l'Atlantique nord. Partage et complicité du bord, ces moments sont
comptés, donc on en profite...
Le 11 juillet, nous arrivons enfin dans
une zone de vent portant, permettant de remonter honorablement par
10/15 nds vers 47 de latitude nord, soit à hauteur de la Bretagne.
Nous renonçons à faire encore plus route au nord, jusqu’à la
latitude de Falmouth ! 1/ parce que ça fait beaucoup de route
en plus pour aller chercher du vent et 2/ c'est dur pour le moral
de se dire que l'on fait cap sur une île qui, certes, fait partie du
Commonwealth, mais dont les eaux sont froides et les pubs pleins de
rosbifs. Compensation, c'est chouette d'avoir sur la carte de
l'ordinateur, le contour de la Bretagne comme prochaine destination,
alors que depuis des mois, chaque destination était une inconnue,
une découverte. A me relire, je ne suis plus si certain de classer
cela dans les avantages....
Le vent bascule au sud ouest, jour de
fête nationale et nous empannons, cap à l'Est et entamons les
400 derniers miles de notre aventure familiale.
L'hydrogénérateur a décidé de ne
plus produire cette énergie qui assurait plus que notre
consommation, permettant tous les excès de lumière, d'ordi etc...
le câble, en partie sectionné par le support et réparé hier en
est peut-être la cause ? (mais il y a du boulot chez Watt &
Sea pour améliorer tout ce qui entoure la super génératrice, comme
la mise à l'eau de l'engin, la protection du cable …). Ceci
rejoint la sangle de GV en partie déchirée, le bas du solent usé
par le raguage, ou l'antenne VHS à nouveau décrochée...
Usure des semaines de navigation qui nous invite à des heures de bricolage et de remise en état à chaque escale: maintenant, nous devrions avoir le temps, la prochaine est la plus longue.....
Usure des semaines de navigation qui nous invite à des heures de bricolage et de remise en état à chaque escale: maintenant, nous devrions avoir le temps, la prochaine est la plus longue.....
Cette nuit, et pour la première fois
depuis des jours, l'AIS montre plusieurs navires amis sur l'écran,
même un voilier Rosbif rentrant au pub ! Le rail d'Ouessant et
la terre bretonne se rapprochent, même si l'odeur de la lande foulée
par les korrigans, qui se réchauffe avec les premiers rayons du
soleil, ce n'est pas encore pour tout de suite. A l'aube, la mer est
lisse, la houle longue et faible et le soleil tente une percée à
travers la couche de stratocumulus qui nous protège de ses rayons
presque toute la journée. La bateau glisse sous genaker à 5,5 Nds
pour 6,5 de vent réel quand les dauphins, les sympas du Golfe de
Gascogne, viennent nous saluer, restant 30 mn, jouant avec le
bateau : c'est un peu comme le bleu des Bahamas, il faut garder
ces images au fond de notre rétine, pour réchauffer nos cœurs dans
le blizzard à venir.
Le vent finit par s'échapper et nous
continuons au moteur sur une onde lisse. Ewen monte en haut du mat
pour refixer l'antenne dévissée, nous essayons toutes les voiles
possibles, pour se résoudre à préparer le code zéro pour les
jours à venir au près et passer le rail d'Ouessant au moteur. Le
trafic s'intensifie sur l'écran et c'est une autoroute de véhicules
de 100 à 300m que l'on croise bientôt. L'AIS est formidable dans
ce contexte, nous donnant la position, la vitesse et le cap (et aussi
l'âge du capitaine) au m près. Une fois traversé l'autoroute, on
s'attend à un peu de vent de près, léger et très vite du
portant, trop cool. Mais c'est pendant 12 heures un vent contraire,
que nous enregistrons jusqu'à 25Nds, et une mer formée, contre
nous, qui nous cueille à froid (très froid même...). Il faut donc
lutter face au vent, le bateau est secoué, a beaucoup de mal à
garder un près serré dans ces conditions. A tel point que
j'appelle le Sémaphore de Belle-île pour savoir s'il n'y a pas un
changement dans les prévisions que je n'aurais pas vu venir, genre
tempête tropicale venu se refroidir sur nos côtes. Et en fait rien,
il n'y a qu'à réduire la toile, tirer des bords et attendre que la
prévision se réalise.
Au petit matin, la mer s'est calmée,
le vent est tombé et c'est bientôt le phare de Groix qui nous
annonce l'arrivée prochaine, une des dernières bouées de parcours,
promesse d'une transat réussie et de la fin annoncée de notre
navigation familiale autour de l'Atlantique, bonheur d'avoir mené ce
projet au bout, joie des retrouvailles et pas pressés de mettre le
pied à Terre. Le bateau glisse sur l'eau, le courant entre la
Teignouse et Belle-ile nous porte, tout le monde dort. Je profite,
seul sur le pont ce matin, de ces moments de lever de soleil, de
pêcheurs matinaux, de ces mouettes venues nous saluer, de la
sensation merveilleuse d'avancer dans le calme, à 6 nds par 6 nds de
vent. ZEN me ravit, encore. Il aura été solide hier dans la
tempête, rapide dans le souffle matinal, il arrive plus en forme
qu'il y a un an (Nous pareil!) et pour nous tous, il aura fait un
« sacré boulot » !!! J'en profite, à Donf....
Hoedic est face à l'étrave. 12 Aout
2013-18 juillet 2014 : La ZenTeam est de retour, avec un petit
sas à Hoedic, d'où nous étions partis il y a un an. Nous n'étions
pas là depuis une heure quand les Douanes nous rendent visite. Un
avion nous a survolé quand nous sommes rentrés dans les eaux
territoriales françaises et ils nous attendaient.
Nous profitons de cette journée pour
se baigner (Aie, 16°C!!!), ranger, laver...tout en surveillant d'un
œil les plaisanciers qui arrivent dans la baie avec l'envie de
mettre l'ancre juste à côté de nous : dire qu'aux Bahamas, on
avait 3 kms de plage pour nous tout seuls.
Nous levons l'ancre à 6h30 pour
rentrer dans le Golfe avec le flot. Le soleil se découvre, le
paysage grandiose et nous mettons notre grand pavois à nous (Tous
les drapeaux des pays traversés) et nos T-Shirts confectionnés par
Juliette pendant la traversée.
Nous pouvons ainsi faire honneur à notre comité d’accueil, qui se trouve sur la pointe de Bilgroix, juste après Port Navalo. Instant émotion. Nous nous offrons un second passage pour le plaisir, pour repartir bien vite, poussés par le fort courant à cet endroit.
Nous pouvons ainsi faire honneur à notre comité d’accueil, qui se trouve sur la pointe de Bilgroix, juste après Port Navalo. Instant émotion. Nous nous offrons un second passage pour le plaisir, pour repartir bien vite, poussés par le fort courant à cet endroit.
Nous nous accrochons à la bouée,
heureusement nettoyée la veille par le port du Logeo : merci
Philippe. Pierre-Yves vient nous saluer, lui qui était venu nous
accompagner en bateau à notre départ l'an passé. La boucle est
vraiment bouclée, nous refermons ce livre, sorte de tome 1 de nos
aventures maritimes...plus qu'à rêver au tome 2.
Avant cela, nous avons hâte maintenant
d'embrasser la famille et de remettre un pied sur la Terre Ferme.
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