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lundi 4 novembre 2013

DAKAR

En quittant la Gomera, nous partons le cœur léger pour 5 à 6 jours de mer, le long des côtes mauritaniennes et sénégalaises, pour nous diriger vers l’étape africaine de notre périple. Nous voguons pour le Saloum, avec dans nos bagages, les colis, les envies et le travail de long mois à Thorigné, avec un passage à Dakar que nous envisageons de 3  à 4 jours.
Le départ est lent, avec très peu de vent au sud des Canaries, nous obligeant à mettre quelques heures le moteur. Le vent monte progressivement et nous voilà partis à la voile. Le matin du deuxième jour, le pilote automatique du bateau ne répond plus. On regarde, on teste, on appelle, on diagnostique..le moteur de la pompe hydraulique, qui 24/24, veille sur la trajectoire du bateau, ne fonctionne plus. Alors test et re-test : rien, nada ! Il faut se résoudre à barrer jusqu’à Dakar, et le téléphone satellite aidant, on commande la pompe depuis le bateau…avec l’espoir de la réceptionner rapidement à Dakar.
Pendant ce temps, le vent monte et, au large du Cap Blanc, nous passons à 2 ris et solent réduit, par 30 nœuds de vent, des grands surfs, une mer formée…Ewen prend plaisir à barrer et à passer quelques heures au-dessus de 10 nœuds…puis le vent, et bientôt la mer se calment et nous voila au nord de Dakar par une mer d’huile. 100 dauphins nous accompagnent et entourent le bateau. Belle récompense pour ces heures au poste de barre…


Nous contournons la pointe des Almadies, en croisant des pirogues, des hommes plongeurs seuls au milieu de l’eau !...une veille attentive est obligatoire ..nous découvrons les îles de la Madeleine et de Gorée puis la baie de Hann…..nous posons l’ancre, et bientôt le pied sur le ponton, le pied en Afrique noire.
Après la première nuit de repos, nous partons vers l’aéroport…et là, on prend une grande gifle !
Nous changeons de continent, et ce trajet à l'aéroport pour récupérer nos visas est notre premier contact avec l'Afrique, ses couleurs, ses odeurs, l'apparente anarchie qui préside, sur et à coté de la route. Les charrettes à bras croisent les mini-bus collectifs, parfois doublés par de beaux 4x4. Les passages au-dessus des voies ne servent pas puisque les gens traversent à pied, leur chargement sur la tête , la voie rapide.

Après l'aéroport, la douane, puis la police, nous délivrent les papiers, gentimement, et beaucoup plus vite que ce que nous imaginions. Nango, notre taxi, nous re-dépose au CVD dont le calme contraste avec les tumultes de la cité sénégalaise. Nous voilà donc avec nos papiers en règle. Il ne reste plus qu'à finaliser l'arrivée de notre pompe. Après quelques mails et appels téléphoniques, elle serait dans l'avion le vendredi 25. Nous prenons donc rendez-vous avec les instituteurs de Roffangue et de Baouth pour l'achat des fournitures scolaires, ils arriveront mardi 29.
Après ce premier parcours initiatique, et en attendant le moteur et nos instits, nous enchainons les visites des marchés aux poissons, aux fruits et légumes, aux objets artisanaux divers. Nous sommes les seuls blancs harcelés de toute part, souvent dans la bonne humeur, parfois avec beaucoup trop d’empressement….bref, c’est juste épuisant et on est heureux d’y être allé et de retourner à notre camp de base, qui arrive comme une bouffée d’air, après le tumulte de la ville.
Ici, c'est à dire le Cercle de Voile de Dakar, a un petit air de camp retranché, avec ses habitués, arrivés et jamais repartis, de locaux compétents, manquant de matériel mais avec du savoir faire et de la débrouillardise. Avec aussi ses mamas, qui vendent légumes, tissus, beignets, nougats, assurent le lavage du linge etc... Des gens attachants, de belles rencontres. On se fond dans le paysage, avec Daniel et Noëlle arrivés un jour avant nous et en mission pour VSF.
On organise nos visites, et c’est vers le Lac Rose que l’on se dirige. Le passeur est incroyable. Il nous fait traverser le lac à 10 dans une barque utilisée par les ramasseurs de sel, qui des heures durant, extraient le sel de ce lac qui doit être rose, et qui fit les belles heures de l’arrivée du Paris - Dakar. On en verra malheureusement pas la couleur...du Lac, qui reste bleu, faute de vent et de trop d'eau douce après la saison des pluies.




 Belle journée que nous passons là, notre passeur nous fait rire, disant que sa mère lui interdit de se baigner et qu'il l'a toujours écoutée car  « une mère sait voir loin alors que toi, même en haut d’un arbre, tu ne vois rien » et, surpris que nous soyons venus au Sénégal en bateau, il « nous demande si on navigue avec des catalogues » ..un florilège !

Sur les conseils du centre équestre voisin du CVD, Juliette, Solène et Cécile (au pas derrière) font une magnifique balade dans les dunes et sur la plage qui s'étend de Dakar à St Louis.

Les autres se laissent flotter dans les eaux du lac, plus salé (380mg/l) que la mer morte. Ce qui est surprenant, c'est la chaleur du sel au fond, impossible de poser ses pieds dessus.
De retour de cette belle balade, nous apprenons que notre moteur que nous attendions le lendemain, n'est pas encore parti et qu'il arrivera le lundi 4 novembre, quelle déception! Nous avons encore trop fait confiance et on continue à apprendre la patience !
Nous accueillons donc Karamba et Fodé, le mardi midi. Nous mangeons ensemble au CVD, mais le trajet les a épuisés et nous les retrouvons le soir pour manger au bateau . Les échanges sont intéressants. On les assaille de questions, et nous comprenons mieux leur façon d'enseigner avec 40 enfants par classe et 2 niveaux. Les enfants sont accueillis jusqu'à Noël, où leur effectif définitif est connu. Cela laisse le temps aux parents de réfléchir si l'école est importante et aux instits de faire comprendre la nécessité d'apprendre à lire.
Le lendemain les instituteurs, Juliette et Cécile partent de bonne heure, pour le marché Sandaga au centre de Dakar pour faire les achats de fournitures scolaires. Le premier vendeur est très bavard mais ne veut pas baisser ses prix. Est-ce notre présence blanche qui le persuade qu'il aura plus d'argent ? Possible, alors pour changer de boutique nous laissons Fodé et Karamba seuls et nous allons faire quelques achats au Casino achalandé de produits alimentaires français.
Quand nous retrouvons Fodé et Karamba, les affaires sont conclues mais il faudra bien 2 heures pour rassembler les 105 …....et faire les paquets.
Fatigués par tant de négociation, Fodé et Karamba reportent leur cours d'excel au lendemain matin. Ils utilisent word, mais n'ont jamais ouvert excel. Ils doivent cependant remettre tous les mois des comptes sur la gestion de l'école car ils sont aussi les directeurs. La tâche est ample, ils apprennent à faire des moyennes, des sommes.... à recopier des cellules...Il leur faudra encore quelques heures d'entrainement mais c'est un bon début, ils sont ravis.
Ils embarquent le soir sur le bateau de Daniel qui part aux aurores pour le Siné Saloum. Nous restons à terre et sommes ravis de revoir William, Isabelle et leurs enfants arrivés le matin.

Nous décidons de visiter ensemble la réserve de Bandia à 60 Km de Dakar. Magnifique après-midi où nous avons pu observer girafes, zèbres, buffles, singes verts et rouges... et 2 rhinocéros en pleine nature, au milieu des acacias, des baobabs... Notre guide est un vrai conteur.

 Le retour par la nationale nous permet de voir encore tous ces chapelets de micro-boutiques qui longent les routes où se rassemble une multitude de monde pour vendre, pour discuter, se reposer. Un merveilleux spectacle riche en couleurs.

Mais 15 jours, c'est largement assez, car le compteur tourne et nous avons encore de la route pour aller au Saloum, visiter le Cap vert,...avant notre transat qui se profile dans un mois!