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dimanche 20 juillet 2014

ET SI C'ETAIT A REFAIRE

Le blog, c'est un truc super quand on prépare un voyage en bateau, enfin, surtout le blog des autres. Mines d'informations pour la préparation, d'idées d'itinéraires et d'escales, on y passe des heures. Quand c'est à son tour de partir, on se dit que ce serait super d'en avoir un à soi, pour faire comme les autres, alors on les copie, pour partager un peu avec tous ceux, famille, amis, qui restent au port.
Et quand on a dit cela, on n'imagine pas encore qu'il va falloir écrire, sélectionner les photos, mettre en page, trouver un internet capable de charger les dites photos, bref beaucoup de travail, mais que nous avons eu plaisir à faire, souvent avec retard...
Pour finir ce blog aller jusqu'au bout de l'exercice, on voulait faire un court bilan, pour nous, pour vous, et pour que cette aventure ait un début, une fin...avant peut-être une suite !

Donc si c'était à refaire :

LE PROJET ET L'EQUIPAGE

Un an, c'est court, mais quelle joie d'avoir mené à bien en famille cette navigation atlantique. Nous en avions rêvé à 2, puis à 6, et on ne se dira plus jamais, « on pourrait le faire », voire pire, « on aurait pu le faire », mais ON L'A FAIT. Et je pense que tout le monde est heureux. Pas parfait, mais pas beaucoup de fausses notes pour cette ballade interprétée à 7, nous 6 et Zen.

On partirait un an plus tôt parce que le CNED après la seconde, avec les contraintes administratives, c'est trop chaud ! L'équipage avec des enfants grands, qui profitent à plein, qui sont de vrais équipiers, c'était top. Nous n'avons rencontré que très peu d'ados (après 14 ans), les familles partant avec des enfants très souvent en primaire. Pour un tel projet, il faut donc vraiment réfléchir en fonction des enfants, de leur âge, de leurs aptitudes scolaires etc...pour partir au bon moment. A savoir que le CNED, c'est un truc quotidien et que la réussite du voyage dépend en partie de la façon dont on arrive à le gérer. C' est une joie d'avoir réussi à ce que chacun passe avec succès l'échelon supérieur, mérite qui en revient aux enfants et à la volonté indéfectible de leur maman.

Sans aucun doute, on referait notre action avec VSF. Tout d'abord pour les rencontres en amont du voyage avec l'équipe dynamique qui agit sur le terrain à la demande des populations et non en imposant des solutions ou des biens. Cette action nous aura permis d'aller à Dakar, de rentrer en contact avec les habitants du Sine Saloum, région magnifique mais aux conditions de vie et d'isolement si dures. L'émotion des rencontres nous envahit tous encore alors que c'est une des premières étapes du voyage.

LE BATEAU ET LES CHOIX TECHNIQUES

Le même bateau, sans hésiter. Il fait partie de la famille, on lui parle pour l'encourager quand le vent monte et que les montagnes d'eau nous poursuivent. Il est clé dans la réussite, pour notre sécurité, mais aussi notre plaisir de naviguer, vite ou pas. L'outremer 45 a la capacité de faire 200 MN/jour ou d'avancer dans les petits airs, de remonter au vent, …..sans avoir un bateau surpuissant difficile à mener. Chaque choix de bateau est affaire de compromis et si l'on accepte le manque relatif de confort rapporté à la taille, sa sensibilité au poids, c'est un « excellent choix ».
Sans chercher à faire un bilan exhaustif, il faut que les voiles, les moteurs et le pilote auto soient au top. Il ne faut pas se laisser influencer, même et surtout par les pros, et ne pas négliger ce trio qui peut vite être infernal.
  • Le pilote, c'est clé. Donc, avoir des pièces en « Sper », courroie ou moteur hydraulique & électronique : on ne compte pas les discussions sur le problèmes de pilote, d'équipages contraints de barrer des jours en transat : c'est une question de sécurité comme le dit parfaitement Pierre Roland dans le dernier Voiles et Voiliers. L'idéal, c'est d'avoir deux pilotes!
  • La garde robe mérite un code zéro pour marcher vraiment vite dans le temps calme – on l'a rajouté, donc c'est fait. Le choix très discuté avec Pascal chez SEXTANT de ne pas mettre de corne sur la GV, était le bon. On part pour des mois avec le besoin de pouvoir bien étager les ris et toujours en garder sous le pied (C'est notre philosophie...). Il suffit de voir les a-coups dans la mature, GV haute au près avec une mer croisée, pour ne pas avoir envie de mettre plus de surface en tête de mat. Alors tant pis pour le look...et bravo pour la qualité des voiles : RAS sur 16000 MN.
  • Les moteurs, c'est Yanmar ou Volvo, et Yamaha pour le HB...mais nous on a un Honda. Elles sont les seules marques présentes partout dans le monde, ce qui n'empêche pas de partir avec toutes les pièces de rechange, les filtres, les courroies etc...On ne trouve pas grand chose sur le trajet si ce n'est à Las Palmas, à Grenade, au Marin et à Saint Martin (beaucoup moins cher qu'au Marin), si ce n'est des mécanos capables de vous aider...si vous avez les pièces...
    .
ET POUR LE RESTE, c'est souvent affaire de philosophie et de budget, mais en vrac :
Pour l'énergie, on conserverait le couple Hydro+panneaux solaires, en mettant un booster d'alternateur (ou petit groupe électrogène). Le dessalinisateur, on garde mais on trouve quelqu'un en France capable de le faire fonctionner et de poser le bon diagnostic. On peut faire sans, mais quel confort ! La machine à laver du bord, on garde, pour ne pas passer des heures au lavomatique. En couplant avec les Laundries que l'on trouve partout, c'est extra. La meilleure, c'est Fatou au Sénégal ! Une machine sous vide, c'est extra! Une plaque électrique pour sauver des bouteilles de gaz à la marina, un second frigo (MERCI pour le four transformé au dernier moment en frigo/congélo)...et on emmènerait plus de disques durs pour les photos et les échanges de films, des liseuses électroniques, on laisserait les équipements de plongée sauf un bloc en cas de pépin (pour l'ancre, carénage...) : il y a des clubs partout. Par contre, emmener des jouets : Paddle, Kayak (Il y en a des supers gonflables), planche à voile, Body board, ….et surtout palmes, masques et tuba au top !
On emmènerait plus : de dicos, de guides de cuisines, de livres pour reconnaître les poissons, de guides de voyages et de navigation A JOUR.

Et pour tout le reste, il faut des solutions simples et de références, tout tester avant, comme l'antenne WIFI USB qui ne marche jamais (préférer la Bad boy!). Nous, comme beaucoup d'autres, avons passés des jours et des semaines sur des problèmes techniques, en attente de pièces,...un an c'est tellement court, qu'il faut tout mettre de son côté pour perdre le moins de jours possible avec des problèmes qui prennent très vite la tête de tout l'équipage, avec une capacité à bien pourrir l'ambiance générale. Cela fait des escales en moins, comme pour nous la Casamance. C'est très C.. à dire, mais si c'était à refaire, on préparerait encore mieux. Alors les stages diesel, électricité...etc...à refaire, avec encore plus d'outils: j'ai tout utilisé !
Et pourtant, un jour, il faut aussi partir, parce que rien ne sera jamais vraiment prêt, et on sait que la bricole, ça fait partie de la vie du marin. Alors on repartirait le 12 Août, 20XX ?

L'ITINERAIRE ET LES ETAPES

Notre itinéraire était d'un banal,...mais c'est beau comme un classique, et permet de naviguer avec des équipages que l'on suit, que l'on retrouve. Les rencontres en mer et à terre restent le sel du voyage et ce n'est pas pour rien que le Sénégal est sur le podium. C'est certain que ce n'est pas à cause de la propreté de la Baie de Han.
Les bateaux-copains, c'est formidable : Vous partagez les mêmes rêves, les mêmes escales, les mêmes emmerdements...alors, en quelques minutes, vous pouvez être sur la même longueur d'onde, avec la même complicité que si on se connaissait depuis des années.
Mais une grande leçon vient des gens rencontrés à Terre. Radio mouillage vous dit parfois de ne pas aller là parce que c'est dangereux, mal fréquenté.... il faut faire le tri, faire très attention à des zones devenues dangereuses comme le Venezuela, mais en respectant les gens, en acceptant de jouer le jeu en leur confiant votre annexe, votre visite de l'île, en achetant quelques fruits... cela permet de découvrir plus et mieux et en évitant par exemple de louper de îles formidables et mal réputées, comme Saint-Vincent, La Dominique. Ces gens là, comme beaucoup d'autres, n'ont rien, donnent beaucoup et vous donnent une leçon d'optimisme qui manque tant à notre chère patrie.
Donc, on ne changerait rien sauf que l'on ferait la Casamance au Sénégal. Mais nous étudierions sans doute des trajets alternatifs comme descendre au plus vite pour aller au Brésil avant Noël, ou choisir quelques étapes dans les grandes Antilles, Cuba ou la République Dominicaine, ou aller à New York.....D'autres l'on fait et ça avait l'air top !

Il faut aussi avoir à l'esprit qu'un des bonheurs du voyage c'est d'y retrouver des amis et de la famille pour quelques jours. C'est aussi une vraie contrainte et il faut bien organiser le parcours et les retrouvailles pour de pas faire des allers-retours, vent contraire...bref, optimiser, et on s'est bien débrouillés avec tous nos visiteurs : merci d'avoir été là.

Si c'était à refaire, on ferait donc presque pareil, avec l'expérience d'un an de navigation en plus, permettant d'imaginer le bateau et ses aménagements, conformes à notre façon de vivre à bord.
Merci à Tous d'avoir partagé ces moments avec nous, en direct et via ce blog. C'est pas facile d'imaginer le retour, mais la plus forte motivation pour rentrer, c'est vous !



LA TRANSAT RETOUR : Açores-Golfe du Morbihan


Quai de Horta, lundi 8 juillet 2014, les gestes sont précis, rapides et coordonnés. Les amarres sont une à une retirées, seule la garde nous retient encore à la terre.



Juliette est à la bouée arrière, moteur tribord en marche arrière, encore lié quelques secondes par la garde, le bateau pivote doucement sur le plan d'eau lisse de la Marina. Ce quai que nous arpentons depuis un mois s'éloigne. Il est 10h du matin et nous quittons la dernière île de notre périple avant nos îles bretonnes et bientôt notre maison, notre famille et nos amis. Açores-Bretagne,1250 MN en ligne droite, est loin d'être la plus longue traversée, pas forcément la plus simple pour la mer et la météo, mais c'est la dernière pour cette boucle atlantique entamée depuis 11 mois. On veut en profiter, entre l'envie de pouvoir marcher demain sur la plage de Hoedic, puis bientôt embrasser nos proches et l'envie de continuer cette vie sur l'eau qui nous plaît tant. Le livre n'est pas refermé mais on entame la rédaction du dernier chapitre.
On mesure, ce matin de juillet, le chemin parcouru depuis le départ le 12 août dernier, tant sur la façon de mener le bateau, de faire les manœuvres : jeter l'ancre pour la 100ème fois, envoyer la GV ou prendre un ris, que de vivre ensemble pendant des jours, dans un espace confiné sans espoir de s’échapper. De tout cela, nous ne savions pas grand chose au départ, nous avons encore beaucoup à apprendre, mais tout le monde à bord a acquis suffisamment d'expérience pour que ce départ soit la promesse d'une belle navigation ensemble au long court.
On sait déjà que la météo devrait nous permettre de bien profiter en allongeant la durée sur l'eau, car on part dans la pétole la plus complète. Il nous faut contourner l'anticyclone installé sur le nord des Açores, puis remonter au près dans du tout petit temps avant d'espérer faire route vers le Golfe du Morbihan. Nous avons ce qu'il faut dans les soutes pour faire fonctionner le moteur 5 à 7 jours et se nourrir presque tout l'été, mais ce n'est pas une raison pour le passer sur l'eau.

Après une première journée au moteur, puis sous SPI, puis au moteur, nous touchons du vent et commençons à remonter, tangentant les calmes anticycloniques, en profitant de la puissance du code zéro, qui dans les petits airs, apporte, au près, un surcroît de vitesse épatant. On espère aussi voir des baleines, des dauphins, nombreux dans ces eaux. Tous ceux que nous croisons viennent et repartent, occupés sans doute à chasser, à moins que la couleur grise de notre antifouling guadeloupéen ne les repousse. Bref, Zen n'a pas beaucoup de succès avec les cétacés açoriens et on se réjouit déjà de retourner vers le golfe de Gascogne qui nous avait comblé l'an passé avec moult amis dauphins qui nous ont accompagnés très souvent.
La lente remontée est très propice. Propice à l 'énervement après 5 virements de bords nous ayant permis de ne pas progresser sur la route directe en 5 heures, propice aux petites réparations d'une monture qui vient de parcourir 15 000 MN et qu'il faut ménager car on veut aller encore loin, propice aux jeux de société, de cartes, à la lecture et au visionnage de films, propice à la cuisine car cette fois, pas de restriction de gaz, propice aux premiers bilans du voyage : des escales, du Cned, des choix techniques, des si c 'était « à refaire je mettrais quoi pour l'énergie » etc..., enfin propice aux discussions de « qu'est-ce qu'on fait t'on à la rentrée », les sujets collège, lycée et boulot, noyés dans l'eau chaude et turquoise des Bahamas, ressortent dans les brumes humides de l'Atlantique nord. Partage et complicité du bord, ces moments sont comptés, donc on en profite...

Ce n'est cependant pas une sinécure de rentrer par cette route maritime qui nous entraîne sous des latitudes que notre cerveau, ramolli par une température eau/air constante de 27°C, avait totalement oublié. Le choc est progressif avec l'arrivée aux Açores, sa pluviométrie bretonne et les brouillards à cacher le plus haut sommet du Portugal pendant des jours, puis l'anticyclone éponyme, que l'on imagine traverser sous une chaleur estivale et qui s'avère abriter des calmes plats maléfiques pendant lesquels on redoute à tout moment d'entendre le chant des sirènes, puis vous recouvre d'une brume humide et froide, alors que vous naviguez sur une eau si froide (16°C) que même le Gulf stream a renoncé à venir la réchauffer. Autre preuve si nécessaire : les poissons, ils sont partis. Pas de pêche, le poulpe rose, qui a tant pêché Seigneur ! n'est jamais courtisé. Fini les préparations de poisson cru, on garde le citron pour se faire des grogs ! Bref, candidats aux voyages, ne faites pas la même erreur que ZEN, qui depuis les Caraïbes, se gèle dans les eaux quasi polaires de l'Atlantique en remettant le chauffage pour faire disparaître l'humidité et la froidure : mettez le cap à l'ouest ! On nous a dit qu'il existait un petit passage que Ferdinand de Lesseps avait, en son temps, tenté de creuser et qui permettrait d'aller dans des eaux si belles que la décence m'interdit ici de décrire, sachant que la grande majorité de nos lecteurs, comme nous-mêmes, n'a plus que quelques jours à vivre avant que le blizzard ne vienne à nouveau recouvrir les landes bretonnes, plongeant les populations dans ce que d'aucuns appellent l'hiver, période difficile que nous n'avons pas rencontrée depuis 1 an, sans que cela semble nous manquer, sauf pour le Ski....mais je m'égare.
Le 11 juillet, nous arrivons enfin dans une zone de vent portant, permettant de remonter honorablement par 10/15 nds vers 47 de latitude nord, soit à hauteur de la Bretagne. Nous renonçons à faire encore plus route au nord, jusqu’à la latitude de Falmouth ! 1/ parce que ça fait beaucoup de route en plus pour aller chercher du vent et 2/ c'est dur pour le moral de se dire que l'on fait cap sur une île qui, certes, fait partie du Commonwealth, mais dont les eaux sont froides et les pubs pleins de rosbifs. Compensation, c'est chouette d'avoir sur la carte de l'ordinateur, le contour de la Bretagne comme prochaine destination, alors que depuis des mois, chaque destination était une inconnue, une découverte. A me relire, je ne suis plus si certain de classer cela dans les avantages....
Le vent bascule au sud ouest, jour de fête nationale et nous empannons, cap à l'Est et entamons les 400 derniers miles de notre aventure familiale.
L'hydrogénérateur a décidé de ne plus produire cette énergie qui assurait plus que notre consommation, permettant tous les excès de lumière, d'ordi etc... le câble, en partie sectionné par le support et réparé hier en est peut-être la cause ? (mais il y a du boulot chez Watt & Sea pour améliorer tout ce qui entoure la super génératrice, comme la mise à l'eau de l'engin, la protection du cable …). Ceci rejoint la sangle de GV en partie déchirée, le bas du solent usé par le raguage, ou l'antenne VHS à nouveau décrochée...

Usure des semaines de navigation qui nous invite à des heures de bricolage et de remise en état à chaque escale: maintenant, nous devrions avoir le temps, la prochaine est la plus longue.....
Cette nuit, et pour la première fois depuis des jours, l'AIS montre plusieurs navires amis sur l'écran, même un voilier Rosbif rentrant au pub ! Le rail d'Ouessant et la terre bretonne se rapprochent, même si l'odeur de la lande foulée par les korrigans, qui se réchauffe avec les premiers rayons du soleil, ce n'est pas encore pour tout de suite. A l'aube, la mer est lisse, la houle longue et faible et le soleil tente une percée à travers la couche de stratocumulus qui nous protège de ses rayons presque toute la journée. La bateau glisse sous genaker à 5,5 Nds pour 6,5 de vent réel quand les dauphins, les sympas du Golfe de Gascogne, viennent nous saluer, restant 30 mn, jouant avec le bateau : c'est un peu comme le bleu des Bahamas, il faut garder ces images au fond de notre rétine, pour réchauffer nos cœurs dans le blizzard à venir.


Le vent finit par s'échapper et nous continuons au moteur sur une onde lisse. Ewen monte en haut du mat pour refixer l'antenne dévissée, nous essayons toutes les voiles possibles, pour se résoudre à préparer le code zéro pour les jours à venir au près et passer le rail d'Ouessant au moteur. Le trafic s'intensifie sur l'écran et c'est une autoroute de véhicules de 100 à 300m que l'on croise bientôt. L'AIS est formidable dans ce contexte, nous donnant la position, la vitesse et le cap (et aussi l'âge du capitaine) au m près. Une fois traversé l'autoroute, on s'attend à un peu de vent de près, léger et très vite du portant, trop cool. Mais c'est pendant 12 heures un vent contraire, que nous enregistrons jusqu'à 25Nds, et une mer formée, contre nous, qui nous cueille à froid (très froid même...). Il faut donc lutter face au vent, le bateau est secoué, a beaucoup de mal à garder un près serré dans ces conditions. A tel point que j'appelle le Sémaphore de Belle-île pour savoir s'il n'y a pas un changement dans les prévisions que je n'aurais pas vu venir, genre tempête tropicale venu se refroidir sur nos côtes. Et en fait rien, il n'y a qu'à réduire la toile, tirer des bords et attendre que la prévision se réalise.
Au petit matin, la mer s'est calmée, le vent est tombé et c'est bientôt le phare de Groix qui nous annonce l'arrivée prochaine, une des dernières bouées de parcours, promesse d'une transat réussie et de la fin annoncée de notre navigation familiale autour de l'Atlantique, bonheur d'avoir mené ce projet au bout, joie des retrouvailles et pas pressés de mettre le pied à Terre. Le bateau glisse sur l'eau, le courant entre la Teignouse et Belle-ile nous porte, tout le monde dort. Je profite, seul sur le pont ce matin, de ces moments de lever de soleil, de pêcheurs matinaux, de ces mouettes venues nous saluer, de la sensation merveilleuse d'avancer dans le calme, à 6 nds par 6 nds de vent. ZEN me ravit, encore. Il aura été solide hier dans la tempête, rapide dans le souffle matinal, il arrive plus en forme qu'il y a un an (Nous pareil!) et pour nous tous, il aura fait un « sacré boulot » !!! J'en profite, à Donf....
Hoedic est face à l'étrave. 12 Aout 2013-18 juillet 2014 : La ZenTeam est de retour, avec un petit sas à Hoedic, d'où nous étions partis il y a un an. Nous n'étions pas là depuis une heure quand les Douanes nous rendent visite. Un avion nous a survolé quand nous sommes rentrés dans les eaux territoriales françaises et ils nous attendaient.
Nous profitons de cette journée pour se baigner (Aie, 16°C!!!), ranger, laver...tout en surveillant d'un œil les plaisanciers qui arrivent dans la baie avec l'envie de mettre l'ancre juste à côté de nous : dire qu'aux Bahamas, on avait 3 kms de plage pour nous tout seuls.
Nous levons l'ancre à 6h30 pour rentrer dans le Golfe avec le flot. Le soleil se découvre, le paysage grandiose et nous mettons notre grand pavois à nous (Tous les drapeaux des pays traversés) et nos T-Shirts confectionnés par Juliette pendant la traversée.


Nous pouvons ainsi faire honneur à notre comité d’accueil, qui se trouve sur la pointe de Bilgroix, juste après Port Navalo. Instant émotion. Nous nous offrons un second passage pour le plaisir, pour repartir bien vite, poussés par le fort courant à cet endroit.





Nous nous accrochons à la bouée, heureusement nettoyée la veille par le port du Logeo : merci Philippe. Pierre-Yves vient nous saluer, lui qui était venu nous accompagner en bateau à notre départ l'an passé. La boucle est vraiment bouclée, nous refermons ce livre, sorte de tome 1 de nos aventures maritimes...plus qu'à rêver au tome 2.

Avant cela, nous avons hâte maintenant d'embrasser la famille et de remettre un pied sur la Terre Ferme.

dimanche 6 juillet 2014

Les Açores

Encore remplis du bleu et de la chaleur des Antilles et des Bahamas, nous avons été surpris par la fraîcheur, l'humidité et par conséquent le vert de cet archipel. Notre séjour au milieu de l'Atlantique a commencé par une semaine de bruine, pluie, froid.....un avant goût de la Bretagne. Nous apprécions le luxe de notre chauffage !
Comme tout retour de transat, une remise en état du bateau s'est imposée. Le plus gros travail fut le nettoyage des cuves à gazole, le changement des filtres et pré-filtres. En effet, du mauvais gasoil ou un développement bactérien empêchait les moteurs de fonctionner correctement. Comme à Grenade, nous sommes arrivés avec un seul moteur, mais avec l'expérience acquise, Guillaume a pu réparer sans difficulté. Il se serait quand même passé de 3 jours dans les cales moteur et le nez dans les cuves à gasoil.
A Horta, passage quasi obligé entre l'Ouest et l'Est, nous avons retrouvé beaucoup de bateaux-copains, que nous avions rencontrés lors d'une seule escale ou avec lesquels nous avions navigué pendant plusieurs mois. Juliette et Solène ont repris leur activité de ponton : la pêche pour Solène et le bricolage pour Juliette avec un peu de shopping dans cette petite ville où les grands bazars chinois alternent avec les merceries. Ewen, avant de s'envoler avec une certaine nostalgie vers la France, relit ses œuvres pour le bac.

La principale occupation des filles fut la conception et la réalisation de notre logo sur les murs de ce port où tout navigateur faisant escale après un plus ou moins long voyage, vient conter ses aventures au Peter's café sport, autre institution dans ce port.

Nous passons d'excellentes soirées avec Curieuse, Milo one, Mr Fizz, Vaga, En Arbenn, Petite Terre, Cyrano...tous ravis de leur année en bateau et rêvant déjà à de nouveaux projets sur l'eau à plus ou moins long terme.
Nous guettons une fenêtre météo pour visiter l'île voisine, Pico, et son volcan le Pico. Cette montagne ne se laisse pas voir facilement. Du haut de ses 2443m, c'est le point culminant du Portugal.
Nous partons donc 2 jours avec Muriel, Michel et Louise, en navette, découvrir cette île où l'on cultive les vignes dans des micro parcelles entourées de murets, nous faisons plusieurs petites ballades le long de la côte appréciant ces maisons construites en pierres noires, ces champs magnifiquement cultivés. Nous terminons nos deux jours par la visite du musée de la baleine, pêche restée toujours artisanale et arrêtée en 1984.
Aujourd'hui, le « whales watching » a remplacé la pêche.

C'est avec Thomas, le frère de Guillaume, que nous allons découvrir Faïal. Nous nous dirigeons tout d'abord vers le cratère, cercle parfait entouré d'hortensias qui attendent un peu de chaleur pour éclore, puis nous pique-niquons dans un espace forestier superbement aménagé et propre. Nous avons des leçons à recevoir des Portugais. En effet, tous les espaces publics sont impeccables, tables, barbecues, sanitaires....
Ici, la campagne est verte, hormis les routes forestières, en terre volcanique rouge et bordées d'hortensias et d'agapanthes. Nous avons tous une pensée particulière pour Papé, spécialiste de ces fleurs, et aussi parce qu'à chaque virage, nous pouvons apercevoir des vaches dans des prés à la vue imprenable sur l'océan.
Nous nous arrêtons ensuite à Ponta Dos Capelinhos, lieu de la dernière manifestation volcanique de l'archipel en 1957-58 qui a vu naître une nouvelle terre. Endroit désert sur cette île si verdoyante où un magnifique musée consacré à la création de l'archipel, de la terre, à la tectonique des plaques.... architecture moderne et semi enterrée, panneaux et films très bien réalisés. Ce projet européen mériterait d'être traduit en plusieurs langues afin que les enfants en profitent pleinement.
Pour terminer la journée nous tenterons une baignade dans une piscine aménagée dans les rochers, spécialité de ces îles où il y a peu de plage. Cependant l'eau est très fraîche, enfin comme en Bretagne, mais nous ne sommes plus habitués.
En 2 jours, nous ferons le tour de l'île appréciant ses verts pâturages et ses vallons.

Voilà 3 semaines que nous sommes à Faïal et nous sommes contents de larguer les amarres pour Sao Jorge, île située à 20 miles. La mer, très calme, nous permet de profiter des nombreux dauphins qui peuplent ces eaux, mais pas encore des baleines.
Nous arrivons à Velas, petite marina superbement entretenue et avec un internet qui marche au bateau, quel luxe! Le soir même, nous profitons de la Saint Jean, organisée dans le village, procession de Saint Jean Baptiste, fanfares, messe, repas servi pour tous au milieu de la rue. Au menu : soupe de légumes, sardines et lard grillés, pommes de terre bouillies, fromage et pain, tout cela à volonté et offert. Puis, à la nuit tombante, envol de mini-montgolfières chauffées à la bougie, tradition de ces îles. Au coin d'une rue nous écoutons des chants folkloriques accompagnés à la guitare, accordéon, castagnettes, tambourins...puis Solène et Juliette s'entraînent à planter des clous dans un tronc d'arbre, il faut encore un peu de temps pour participer à Fort Boyard.
Quelle convivialité de ces habitants !
Cette île, toute en longueur, tire ses revenus principalement de l'agriculture et en particulier de la fabrication de son fromage de vache. Nous découvrons donc une île très verte où les hortensias sont plus fleuris, avec des à pic plus impressionnants que sur Faïal. Nous faisons une magnifique ballade qui traverse l'île du nord au sud. Nous la faisons tout en montée, dur-dur pour les jambes....Nous ne pourrons pas apprécier la pointe ouest car ici le temps très changeant avait viré dans l'après midi.
Le retour se fait sous voile, pas de dauphins cette fois ci.
Thomas reprend son vol dès le lendemain après avoir fêté comme il se doit son séjour chez Peter's.

Nous reprenons notre vie à Horta, comme de vieux habitués. Le port s'est nettement vidé. Nous avons la joie de faire mieux connaissance avec Cyrano, premier bateau-copain que nous avions rencontré à La Corogne, aperçu à Mindelo.... et à l'AIS, sans jamais se retrouver outre Atlantique alors que nous avons fait, après débriefing, exactement le même voyage. Apéro, repas, balades....tout cela s'organise bien vite. Solène a trouvé des copains avec qui jouer et Timéo, sur Cyrano, a trouvé en Juliette et Marine deux baby-sitters de choc. La vie passe vite, et on aura passé un bon moment avec eux, même si on aurait pu s'y prendre plus tôt, comme aux Turks et Caïcos, où nous nous sommes encore une fois magnifiquement...loupés !

Cyrano repart vers la Bretagne et nous, vers Graciosa, confetti d’île au nord du Groupe Central. «Petite par sa taille et grande par son hospitalité » avait dit le grand père de l'actuel prince Albert de Monac', et fichtre, qu'il avait raison. On y arrive en ferry, pour ne pas faire un AR au moteur par faute de vent. Le ferry assure les liaisons inter-îles et donc, avec lui, on les refait toutes, sauf Terceira ! Nous logeons dans un moulin, réhabilité en gîte. 

Un peu petit pour 5, les filles se retrouvant à partager un matelas pour 2...à 3.Mais qu'importe, c'est propre, moderne, et une bonne base de départ pour visiter la petite île. Ici, on parle moins anglais qu'ailleurs, et nous, toujours pas Portugais malgré nos nombreuses escales au Portugal, à Madère et aux Açores. Alors on se débrouille, on visite un gouffre impressionnant au milieu d'un cratère, de jolis panoramas avec des vaches, hortensias, moulins, murets de pierre qui courent le long des vallons... Nous achetons du vin à la coopérative agricole, moment d'anthologie dans des locaux qui, une fois n'est pas coutume, paraissent à l'abandon. Le vin est excellent, meilleur que celui de Pico. La fille nous fait visiter, avec le sourire et commentaire 100% portugais ! et finit par nous proposer de nous servir de guide dans l'île : quand on vous dit que cette île est hospitalière! Deux petits jours et nous retournons voir notre ZEN pour les dernières courses, les derniers préparatifs. Ewen nous rejoint après avoir passé son bac de Français, orienté vers lui cette année sur la poésie : il adore..mais les épreuves sont passées, tout le monde, copains et famille, s'est mobilisé pour lui permettre d'être présent le jour J : Un grand Merci !

Voilà l'équipage reformé, le bateau est prêt. Nous partons lundi 7 juillet, sans beaucoup de vent pour le départ, objectif la Bretagne pour boucler la boucle, terminer l'année dont nous avions rêvé, avec l'impatience de vous retrouver et le petit pincement au cœur du rêve qui se termine...

ZEN va retrouver sa bouée au Logeo, on va le bichonner comme il le mérite....pour qu'il soir prêt à repartir....l'aventure, on y a tous pris goût !