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vendredi 8 août 2014

Le voyage de Zen raconté par Juliette

Voilà, je crois bien que c'est mon dernier article pour le blog. C'est pour ça que je vais essayer de mettre des mots sur ce voyage, ce projet qui me paraissait tellement irréel avant de l'effectuer et, à présent, ces souvenirs concrets, inoubliables et plus que tout, vivants.
Les amarres ont été larguées le 12 août (le départ était sensé être le 25 pour mon anniversaire mais comme on était prêts autant foncer direct), entourés de toute la famille et des traditionnels vacanciers de Kerassel. Les cornes de brumes chantaient, toute la famille était habillée «zenteam» et à présent, on allait être et vivre «Zenteam» pendant 1an. Je n'ai pas pleuré au départ (ce qui est rare chez moi) mais c'est en m’éloignant de mes terres connues que j'ai commencé à réaliser cette chance de la découverte. C'est juste au moment de lâcher le corps mort qu'au fond de soi, on se demande vraiment ce qui nous a poussé à partir. Moi je pense que pour partir, pour réaliser un rêve, il faut du courage certes, mais de l'envie surtout, oui, une envie qui nous entraîne à aller jusqu'au bout de son projet, quel qu'il soit. Alors c'était ça notre projet, vivre 1an sur un bateau pour découvrir ce que l'Atlantique allait nous offrir. Comme Stéphane nous a dit un jour : « le plus dur ce n'est pas de faire ce qu'on a décidé mais c'est de décider de le faire ».

Le golfe de Gascogne m'a paru interminable. C'était la première fois qu'on partait plus d'une nuit en mer. Pendant les quarts on jouait aux devinettes, on restait dehors à guetter chaque lueur.
Si je devais classer toute la partie Espagne-Portugal, je la classerai en 1er des visites culturelles. J'étais un peu déçue au début, je croyais qu'on allait sauter dans l'eau chaude tous les jours et rencontrer des milliers de bateaux en voyage. En fait, j'ai plutôt découvert quelle importance prenait l'apprentissage des langues pour se débrouiller dans le monde extérieur mais aussi la grandeur que chaque pays porte grâce à son histoire. J'ai appris à aimer l'architecture (le carrelage sur les murs, les églises...), les plats locaux ( particulièrement le jambon de la Corogne ), les populations ( toutes tellement accueillantes)... Mais ici encore, la monnaie restait l'euro, tout se trouvait au supermarché et les modes de vies restaient proches des nôtres.

Tous les bateaux le disent, il faut apprendre à vivre en espace restreint et avec n'importe quel équipage, c'est pas toujours facile. Moi je suis contente qu'on se soit pas « trop tapés dessus », c'est peut être justement en vivant serrés qu'on a appris à mieux se supporter. En partant cette année, question vie de famille, je n'y avais pas trop réfléchi. Par contre le CNED, je n'avais pas oublié de me poser la question. En préparant ma caisse de cours, j'avais déjà envie de commencer mes exos, de lire mes synthèses, de gribouiller dans la marge... Un cahier de cours neuf, pour moi c'est toujours attirant, jusqu'à ce que je commence à écrire dedans. Et bien ça s'est révélé encore plus vrai cette année. Mes livres étaient des trésors. Malgré cela, aux premiers exercices, j'ai eu envie de les jeter par dessus bord. Après avoir un peu arpenté toutes les matières, j'ai une nouvelle fois retourné la question et je me suis dit que ce n'était pas si terrible que ça. Il faut seulement s'habituer à être autonome (ça, ça allait) et concentré (par contre ça, c'était plus difficile). A partir du moment où de toute façon, tu sais que tu n'as plus le choix, tu te forces un peu et le reste suit. Mon tableau des 12 séquences de devoirs à rendre me paraissait interminable et c'est vrai que cette idée est restée plutôt longtemps dans ma tête.
L'art plastique, le français et l'histoire-géo me passionnaient, c'était presque un jeu. Je disais ne pas aimer les maths pour pester sur une matière (même si je ne trouve ça pas très distrayant). Malgré l'importance des langues, je trouvais leur étude difficile sans prof, sans action, donc l'envie était plus abstraite.

Reprenons le fil du voyage. La traversée vers Madère m'a semblée plus courte ( bien qu'elle soit plus longue en vérité). On a pêché notre 1er poisson, «THE DORADE CORIFENE».Il faut dire qu'on était particulièrement bon pour attraper les poissons suicidaires jusque là et qu'ils se comptaient d'ailleurs sur les dix doigts de la main. Je crois que rien n'a pu nous faire plus plaisir que ses beaux steaks (qui prouvaient que nos efforts n'étaient pas vains). Secrètement j'avais peur de ne rien pêcher du tout du voyage tellement on était nuls avant.
Madère gardait un petit air européen mais on commençait à sentir l'éloignement. On a pu partager plein de moments avec nos grands parents et découvrir l'île plus profondément avec nos amis locaux.
On a rencontré nos premiers vrais bateaux-copains. Je pense qu'au tout début d'un voyage il faut d'abord trouver son rythme, son équilibre et après chercher les codes de la rencontre et savoir les utiliser à sa façon.
Ensuite, direction les îles Canaries. Des fois, c'est le nom simple d'une destination qui fait rêver et on s'attend à en découvrir la vrai signification. La première île ( Grasciosa ) sur laquelle on a atterri réalisait en tous points nos attentes. On y est malheureusement resté qu'une seule nuit à cause des réparations à effectuer. On a donc passé 5 jours dans le «merveilleux» port de Porto Calero sur Lanzarote (avec à la clef: 1 jour de visite de l'île). Bien sûr très jolie.Et par la suite, 10 jours à Las Palmas en attente de pièces. Certes il faisait chaud, mais, quand on passe une semaine à faire du Cned dans sa cabine, ce n'est pas la chaleur qui nous motive. Ce qui est sûr ici c'est que les gros Allemands tous nus ne sont pas en voie de disparition!! Ce que j'ai réellement aimé dans cet archipel, c'est Fuerteventura. Sotavento: LE spot de windsurf. Des ailes de kite à l'horizon, les planches en ébullition autour du bateau, la mer légèrement ondulée et le vent qui entraîne tout ce beau monde... qu'est ce que c'est beau … ! Même moi, j'ai pu me mêler à cette horde avec ma petite 2,5m2. Je commençais à m'améliorer « en direction » mais, comme ça faisait plus d'un an que je n'en avais pas fait, j'ai un peu galéré. Tous les autres s'y sont mis et Papa s'est très bien débrouillé en tant que professeur et a tout défoncé dans le rôle de véliplanchiste. Ce mouillage était un paradis, mais le plaisir ne dure pas éternellement donc au bout de 2 jours: fini la récré!!!
Les Canaries: TOP 1 des réparations.

Destination prochaine: le Sénégal!!!! J'attendais cette escale comme un rêve que l'on va réaliser. C'est sûrement parce que c'est un terrain non connu, la vraie aventure!! L' Afrique noire, les djembés, le manioc, les boubous en tissu africain...
Le passage du Cap Blanc nous a apporté une sacrée chaleur, qui n'a plus baissée ensuite. Au CVD il y avait plein de moustiques et on prenait des cachets contre le palu une fois par semaine ( j'ai énormément de mal à avaler ces cachets donc heureusement qu'on avait cette formule et non celle à prendre une fois par jour).
On a bien sûr rencontré les mamas, les bricoleurs qui réparent n'importe quoi avec rien... Je suis vraiment contente d'y avoir trouvé l' « authentique » que je cherchais. Tout était sale par contre, la mer, la ville, mais comment dire... c'est l'ambiance!! La poussière, les charrettes, le monde, les animaux, les taxis délabrés et tous les vendeurs sur la rue, tout ça s' entremêlant dans le brouhaha des rues, me plaisaient encore plus. Mais après plus deux semaines, je n'en pouvais quand même plus, le fait d'attendre une pièce et de devoir rester contre son grè, ça donne envie d'exploser. On se sent comme enfermé par le temps qui passe. Au Siné-Saloum, c'était plus beau que je n'avais osé l'imaginer. On leur apportait pas grand chose à notre échelle, mais, pour eux, c'était tellement! On n'a pas l'impression de vivre à la même époque. Chez eux, c'est le moyen âge avec la 4G: ils jettent leurs poubelles n'importe où, l'épicerie et le lieu de culte (la mosquée là-bas) sont les seules activités du village...
J'y ai sûrement passé les moments les plus émouvants et instructifs de ma vie. Je pense que ce passage m'a grandi et appris des émotions que l'on ne peut pas expliquer.
Le Sénégal: TOP 1 des rencontres et du partage avec la population.

Le Cap Vert nous a beaucoup plus ouvert aux bateaux copains (particulièrement Mindelo). On a découvert une véritable diversité d' îles. En plus, j'ai pu faire de la planche, trouver le bon vent et le temps, c'est pas toujours simple, surtout à mon niveau. J'aime bien faire de la planche quand personne me regarde, j'ai moins peur de tomber, ou plutôt, moins besoin de faire attention à ne pas tomber.

Le 5 décembre, départ pour 15 jours sans voir la terre. J'ai aimé la traversée…..avec du recul. J'ai aimé l'expérience, le défi, la liberté d'avoir du temps... J'ai su m'occuper, ne pas être malade (on s'amarine bien avec le temps), et profiter!! Je réviserais maintenant la question du golfe de Gascogne qui m'avait paru si long.
La traversée: TOP 1 de la navigation hauturière (normal!!).
On a vécu des super fêtes de Noël à Grenade (malgré la météo). Avec nos amis venus nous voir c'était encore plus magique. Mais c'était pas encore l'image paradisiaque des eaux turquoises que l'on était venu trouver. Donc, je classerai cette étape TOP 1: des retrouvailles d'aventuriers .

Les Grenadines m'ont comblée: rencontres, eaux transparentes, nages avec les tortues, tête à tête avec les iguanes... Tout ce bonheur, il faut savoir l' apprécier, en profiter et s'en souvenir parce que ça ne s'emporte pas dans une bouteille.
Donc les Grenadines TOP 1 de la beauté des Antilles.

J'ai bien aimé la Martinique et la Guadeloupe parce que l'on a revu nos grands -parents et, de nouveau, les amis de France. Nous avons vécu des moments inoubliables avec chacun d'eux (et c'est pour cela que je les classerai TOP 1 de cette catégorie). Mais j'ai été déçu "touristiquement" (sauf Marie Galante et les Saintes). Si je devais revenir aux Antilles, je n'irai pas là pour la plage ni pour l'échange avec la population locale.

La Dominique restera une de mes plus extraordinaires escales du voyage, on a découvert un autre monde, une population qui se bat pour son île. Je crois qu'on a tous aimé cet endroit pour le changement, cette jungle et toute cette diversité qui nous a éblouis. Retour à Pirate des Caraïbes, Merci à Paul et James Bond, nos guides!!! TOP 1 de la nature!!
Je monte plus haut vers Antigua. Là-bas, c'est mon TOP 1 du windsurf parce que... ça y est j'accroche le harnais!!!!!!!!!! Et ça, c'est sûr, que je m'en rappellerai toujours!!! J'ai eu ensuite des ampoules pendant une semaine mais quand on aime, on n'a pas mal. Le spot était parfait, protégé pour le bateau mais très ouvert au vent sans trop de clapot. Après, on a retrouvé toute la bande des copains: trop G.E.N.I.A.L!!!!!
On a partagé Barbuda à deux bateaux, inoubliables nuits blanches (chuuut!!), body bord sur la plage, apéros... TOP 1 du sable blanc et de l'eau turquoise.
St Martin, c'est le TOP 1 du shopping (et du parachute ascensionnel avec Séba).

Les BVI, c'était une autre dimension du partage, pas du tout avec les locaux. En effet, on est partis à deux bateaux, on a été rejoints par une troisième famille, puis trois autres au fur et à mesure du temps. Volley sur la plage, immenses apéros-plages, fonds marins éblouissants, TOP 1 de tout cela réunis.

Les Turcs & Caïcos, c'est l'avant goût des Bahamas. Mais c'est le TOP 1 de l'eau la plus chaude.
Les Bahamas, c'est le plus bel endroit de ce voyage. Palette de turquoises, sans nuage, requins à gogos (ok ça c'est moins chouette), cochons nageurs, l'au revoir du côté caraïbéen... Je ne m'attendais pas à être déçue mais j'ai été plus qu' époustouflée, comblée, émerveillée... tout ce qui touche au bonheur. Cependant, la dernière semaine au port de Spanish Well m'a paru interminable. J'en avais marre de rester plantée là au milieu du rêve.
Les Bahamas reste mon TOP 1 du paradis, des bancs de sables, de la beauté en général, de la plus belle eau, du plus beau sable, j'en passe et des meilleurs...

La traversée retour m'a paru plus longue et moins aventurière. J'ai beaucoup rêvé «  aux restos » et à tous les bateaux copains déjà à Horta. Mais c'était pas mal quand même.
Aux Açores on a retrouvé presque tous nos bateaux copains. On a fait le plein de supers soirées, mangé comme on n'avait pas mangé depuis longtemps, partagé d'autres projets, d'autres expériences, d'autres découvertes... Je retiendrais de ce quai toutes ces peintures (dont la nôtre qui a à présent trouvé sa place), qui apportent une touche de chaque navigateur à un monde commun. Ici c'est bien sûr le TOP 1 des au revoir et de toutes ces rencontres qui ont marqué notre voyage et que l'on  n'oubliera jamais.
Et maintenant, c'est notre toute dernière semaine de nav'. Il faut savoir encore voir la magie tant qu'elle est encore là, dans les dauphins qui jouent dans les vagues, dans les soirées de rire et de musique, dans le calme paisible de la nuit, de savoir que l'on va bientôt retrouver nos proches et à tous ces instants aussi futiles qu'ils soient, que l'on n'oubliera jamais. Je ne pleurerai sûrement pas à l'arrivée non plus, même si c'est dur de dire au revoir à ce qu'on a découvert.
Je vais revenir seulement plus blonde qu'en partant, tout autant frisée, pas vraiment bronzée, je me serais ouverte, j'aurais appris à voir plus grand et à apprécier l'instant présent.
Après avoir écrit tout ça, je réalise la fin du voyage. On a parfois du mal à l'accepter ou on l'attend avec impatience, mais moi, je vais plutôt la prendre comme elle vient, clôturant en beauté cette parenthèse, retournant à la réalité que l'on appréciera maintenant différemment, (peut être plus qu'avant) et qui aura changé notre façon de voir nos projets, nos chances et notre cœur je pense. Les regrets ne servent à rien, c'est pour ça que je n'en ai aucun.
Sur mon podium le Sénégal et les Bahamas se partagent la première place. Bien qu'on ne puisse pas vraiment faire un classement puisque chaque destination a son charme, ses qualités et ses différences.
Je ne serais pas partie un an de plus parce qu'un an c'est parfait, on garde contact, on a le temps de profiter et c'est pas trop dur de continuer le rythme scolaire.Cependant les navigateurs qui partent des années sont pour moi des héros (mais après je trouve qu'on est un peu coupé du monde). Je vais m'arrêter ici, mais avant, j'ai envie de dire merci, même si ce n'est qu'un mot, il veut dire beaucoup. Merci à vous tous qui nous avez suivi sur le blog, à tous ceux que nous avons rencontrés, à tout ce que nous avons vécu et partagé, à tout ce que la vie a su et saura nous offrir...et surtout à toute ma famille à qui je ne l'ai jamais assez dit et je ne dirai jamais assez à quel point je les aime si fort et aussi à Zen qui nous a tellement tous rapprochés.

Merci à Nomade (Maxou: surfeuse un jour surfeuse toujours ;p ), à Petite Terre ( Louise: le chocolat, ça ne se discute pas hein!!!), à En Arbenn (Philou: mon sac à fromage préféré à jamais), à Mister Fizz (tHibauD et Claire: vive les rochers cocos, le crumble salé et la moustache pleine de peinture), à Criquet (il faut qu'on remette vite nos Times up-tartiflettes !!), à Okamaugo (Rennais en force!!! à Gus le plus chouette des pirates et Camille la plus belle des sirènes), à Paï-mé (le vernis c'est pour la vie!!!), à Cyrano (fais pas ci, fais pas ça; retournez quand vous voulez au restaurant les parents!!!), à Morgane ( divisé 1/3, 5 couleurs pour le ciel, 3 sous l'horizon...), Curieuse (suivez AZ, quai Horta), à Moon River ( trop chouette les poly pockets!!!), Daïsho (le secret des grands marcheurs, habiter au 4eme étage sans ascenseur!!!), Aventura (Allez la France!!!!!!!!), à Philao et Bubbule (pêcheurs dans l'âme), à Vaga (c'est grâce à vous qu'on pêche!! alors merci), à Zingaro (on cherche toujours internet), à Milo One (les parents ont bien aimé la piste de danse), à Speedy (Lou : pour nos pontons-discussions), Snoozle (à Vigo, à la Dominique ,que l'on n'oubliera pas), à Dragonera (we love Grenade and the ski), à Highland Breeze (vous ne lirez jamais ça, mais, votre bateau, on ne l'oubliera pas), à Sea Hunt (ba-ra-cu-daaaa), à Vixen ( you are the best in the treasure hunt), à Cataja (y'a des garçons de notre âge à bord??), à Yanneraud ( quand on veut on peut ) et à tous les navigateurs....