Voilà, je crois bien que c'est mon
dernier article pour le blog. C'est pour ça que je vais essayer de
mettre des mots sur ce voyage, ce projet qui me paraissait tellement
irréel avant de l'effectuer et, à présent, ces souvenirs concrets,
inoubliables et plus que tout, vivants.
Les amarres ont été larguées le 12
août (le départ était sensé être le 25 pour mon anniversaire
mais comme on était prêts autant foncer direct), entourés de toute
la famille et des traditionnels vacanciers de Kerassel. Les cornes de
brumes chantaient, toute la famille était habillée «zenteam» et à
présent, on allait être et vivre «Zenteam» pendant 1an. Je n'ai
pas pleuré au départ (ce qui est rare chez moi) mais c'est en
m’éloignant de mes terres connues que j'ai commencé à réaliser
cette chance de la découverte. C'est juste au moment de lâcher le
corps mort qu'au fond de soi, on se demande vraiment ce
qui nous a poussé à partir. Moi je pense que pour partir, pour
réaliser un rêve, il faut du courage certes, mais de l'envie
surtout, oui, une envie qui nous entraîne à aller jusqu'au bout de
son projet, quel qu'il soit. Alors c'était ça notre projet, vivre
1an sur un bateau pour découvrir ce que l'Atlantique allait nous
offrir. Comme Stéphane nous a dit un jour : « le plus dur
ce n'est pas de faire ce qu'on a décidé mais c'est de décider de
le faire ».
Le golfe de Gascogne m'a paru
interminable. C'était la première fois qu'on partait plus d'une
nuit en mer. Pendant les quarts on jouait aux devinettes, on restait
dehors à guetter chaque lueur.
Si je devais classer toute la partie
Espagne-Portugal, je la classerai en 1er des visites culturelles.
J'étais un peu déçue au début, je croyais qu'on allait sauter
dans l'eau chaude tous les jours et rencontrer des milliers de
bateaux en voyage. En fait, j'ai plutôt découvert quelle importance
prenait l'apprentissage des langues pour se débrouiller dans le
monde extérieur mais aussi la grandeur que chaque pays porte grâce
à son histoire. J'ai appris à aimer l'architecture (le carrelage
sur les murs, les églises...), les plats locaux ( particulièrement
le jambon de la Corogne ), les populations ( toutes tellement
accueillantes)... Mais ici encore, la monnaie restait l'euro, tout se
trouvait au supermarché et les modes de vies restaient proches des
nôtres.
Tous les bateaux le disent, il faut
apprendre à vivre en espace restreint et avec n'importe quel
équipage, c'est pas toujours facile. Moi je suis contente qu'on se
soit pas « trop tapés dessus », c'est peut être
justement en vivant serrés qu'on a appris à mieux se supporter. En
partant cette année, question vie de famille, je n'y avais pas trop
réfléchi. Par contre le CNED, je n'avais pas oublié de me poser la question. En préparant ma caisse de cours, j'avais déjà envie
de commencer mes exos, de lire mes synthèses, de gribouiller dans la
marge... Un cahier de cours neuf, pour moi c'est toujours attirant,
jusqu'à ce que je commence à écrire dedans. Et bien ça s'est
révélé encore plus vrai cette année. Mes livres étaient des
trésors. Malgré cela, aux premiers exercices, j'ai eu envie de les
jeter par dessus bord. Après avoir un peu arpenté toutes les
matières, j'ai une nouvelle fois retourné la question et je me suis
dit que ce n'était pas si terrible que ça. Il faut seulement
s'habituer à être autonome (ça, ça allait) et concentré (par
contre ça, c'était plus difficile). A partir du moment où de toute
façon, tu sais que tu n'as plus le choix, tu te forces un peu et le
reste suit. Mon tableau des 12 séquences de devoirs à rendre me
paraissait interminable et c'est vrai que cette idée est restée
plutôt longtemps dans ma tête.
L'art plastique, le français et
l'histoire-géo me passionnaient, c'était presque un jeu. Je disais
ne pas aimer les maths pour pester sur une matière (même si je ne
trouve ça pas très distrayant). Malgré l'importance des langues,
je trouvais leur étude difficile sans prof, sans action, donc
l'envie était plus abstraite.
Reprenons le fil du voyage. La
traversée vers Madère m'a semblée plus courte ( bien qu'elle soit
plus longue en vérité). On a pêché notre 1er poisson, «THE
DORADE CORIFENE».Il faut dire qu'on était particulièrement bon
pour attraper les poissons suicidaires jusque là et qu'ils se
comptaient d'ailleurs sur les dix doigts de la main. Je crois que
rien n'a pu nous faire plus plaisir que ses beaux steaks (qui
prouvaient que nos efforts n'étaient pas vains). Secrètement
j'avais peur de ne rien pêcher du tout du voyage tellement on était
nuls avant.
Madère gardait un petit air européen
mais on commençait à sentir l'éloignement. On a pu partager plein
de moments avec nos grands parents et découvrir l'île plus
profondément avec nos amis locaux.
On a rencontré nos premiers vrais
bateaux-copains. Je pense qu'au tout début d'un voyage il faut
d'abord trouver son rythme, son équilibre et après chercher les
codes de la rencontre et savoir les utiliser à sa façon.
Ensuite, direction les îles Canaries.
Des fois, c'est le nom simple d'une destination qui fait rêver et on
s'attend à en découvrir la vrai signification. La première île (
Grasciosa ) sur laquelle on a atterri réalisait en tous points nos
attentes. On y est malheureusement resté qu'une seule nuit à cause
des réparations à effectuer. On a donc passé 5 jours dans le
«merveilleux» port de Porto Calero sur Lanzarote (avec à la clef:
1 jour de visite de l'île). Bien sûr très jolie.Et par la suite,
10 jours à Las Palmas en attente de pièces. Certes il faisait
chaud, mais, quand on passe une semaine à faire du Cned dans sa
cabine, ce n'est pas la chaleur qui nous motive. Ce qui est sûr ici
c'est que les gros Allemands tous nus ne sont pas en voie de
disparition!! Ce que j'ai réellement aimé dans cet archipel, c'est
Fuerteventura. Sotavento: LE spot de windsurf. Des ailes de kite à
l'horizon, les planches en ébullition autour du bateau, la mer
légèrement ondulée et le vent qui entraîne tout ce beau monde...
qu'est ce que c'est beau … ! Même moi, j'ai pu me mêler
à cette horde avec ma petite 2,5m2. Je commençais à m'améliorer
« en direction » mais, comme ça faisait plus d'un an que
je n'en avais pas fait, j'ai un peu galéré. Tous les autres s'y
sont mis et Papa s'est très bien débrouillé en tant que professeur
et a tout défoncé dans le rôle de véliplanchiste. Ce mouillage
était un paradis, mais le plaisir ne dure pas éternellement donc au
bout de 2 jours: fini la récré!!!
Les Canaries: TOP 1 des réparations.
Destination prochaine: le Sénégal!!!!
J'attendais cette escale comme un rêve que l'on va réaliser. C'est
sûrement parce que c'est un terrain non connu, la vraie aventure!!
L' Afrique noire, les djembés, le manioc, les boubous en tissu
africain...
Le passage du Cap Blanc nous a apporté
une sacrée chaleur, qui n'a plus baissée ensuite. Au CVD il y avait
plein de moustiques et on prenait des cachets contre le palu une fois
par semaine ( j'ai énormément de mal à avaler ces cachets donc
heureusement qu'on avait cette formule et non celle à prendre une
fois par jour).
On a bien sûr rencontré les mamas,
les bricoleurs qui réparent n'importe quoi avec rien... Je suis
vraiment contente d'y avoir trouvé l' « authentique » que je
cherchais. Tout était sale par contre, la mer, la ville, mais
comment dire... c'est l'ambiance!! La poussière, les charrettes, le
monde, les animaux, les taxis délabrés et tous les vendeurs sur la
rue, tout ça s' entremêlant dans le brouhaha des rues, me
plaisaient encore plus. Mais après plus deux semaines, je n'en
pouvais quand même plus, le fait d'attendre une pièce et de devoir
rester contre son grè, ça donne envie d'exploser. On se sent comme
enfermé par le temps qui passe. Au Siné-Saloum, c'était plus beau
que je n'avais osé l'imaginer. On leur apportait pas grand chose à
notre échelle, mais, pour eux, c'était tellement! On n'a pas
l'impression de vivre à la même époque. Chez eux, c'est le moyen
âge avec la 4G: ils jettent leurs poubelles n'importe où,
l'épicerie et le lieu de culte (la mosquée là-bas) sont les seules
activités du village...
J'y ai sûrement passé les moments les
plus émouvants et instructifs de ma vie. Je pense que ce passage m'a
grandi et appris des émotions que l'on ne peut pas expliquer.
Le Sénégal: TOP 1 des rencontres et
du partage avec la population.
Le Cap Vert nous a beaucoup plus ouvert
aux bateaux copains (particulièrement Mindelo). On a découvert une
véritable diversité d' îles. En plus, j'ai pu faire de la planche,
trouver le bon vent et le temps, c'est pas toujours simple, surtout à
mon niveau. J'aime bien faire de la planche quand personne me
regarde, j'ai moins peur de tomber, ou plutôt, moins besoin de faire
attention à ne pas tomber.
Le 5 décembre, départ pour 15 jours
sans voir la terre. J'ai aimé la traversée…..avec du recul. J'ai
aimé l'expérience, le défi, la liberté d'avoir du temps... J'ai
su m'occuper, ne pas être malade (on s'amarine bien avec le temps),
et profiter!! Je réviserais maintenant la question du golfe de
Gascogne qui m'avait paru si long.
La traversée: TOP 1 de la navigation
hauturière (normal!!).
On a vécu des super fêtes de Noël à
Grenade (malgré la météo). Avec nos amis venus nous voir c'était
encore plus magique. Mais c'était pas encore l'image paradisiaque
des eaux turquoises que l'on était venu trouver. Donc, je
classerai cette étape TOP 1: des retrouvailles d'aventuriers .
Les Grenadines m'ont comblée:
rencontres, eaux transparentes, nages avec les tortues, tête à tête
avec les iguanes... Tout ce bonheur, il faut savoir l' apprécier, en
profiter et s'en souvenir parce que ça ne s'emporte pas dans une
bouteille.
Donc les Grenadines TOP 1 de la beauté
des Antilles.
J'ai bien aimé la Martinique et la
Guadeloupe parce que l'on a revu nos grands -parents et, de nouveau,
les amis de France. Nous avons vécu des moments inoubliables avec
chacun d'eux (et c'est pour cela que je les classerai TOP 1 de cette
catégorie). Mais j'ai été déçu "touristiquement" (sauf Marie
Galante et les Saintes). Si je devais revenir aux Antilles, je n'irai
pas là pour la plage ni pour l'échange avec la population locale.
La Dominique restera une de mes plus
extraordinaires escales du voyage, on a découvert un autre monde,
une population qui se bat pour son île. Je crois qu'on a tous aimé
cet endroit pour le changement, cette jungle et toute cette diversité
qui nous a éblouis. Retour à Pirate des Caraïbes, Merci à Paul et
James Bond, nos guides!!! TOP 1 de la nature!!
Je monte plus haut vers Antigua.
Là-bas, c'est mon TOP 1 du windsurf parce que... ça y est
j'accroche le harnais!!!!!!!!!! Et ça, c'est sûr, que je m'en
rappellerai toujours!!! J'ai eu ensuite des ampoules pendant une
semaine mais quand on aime, on n'a pas mal. Le spot était parfait,
protégé pour le bateau mais très ouvert au vent sans trop de
clapot. Après, on a retrouvé toute la bande des copains: trop
G.E.N.I.A.L!!!!!
On a partagé Barbuda à deux bateaux,
inoubliables nuits blanches (chuuut!!), body bord sur la plage,
apéros... TOP 1 du sable blanc et de l'eau turquoise.
St Martin, c'est le TOP 1 du shopping
(et du parachute ascensionnel avec Séba).
Les BVI, c'était une autre dimension
du partage, pas du tout avec les locaux. En effet, on est partis à
deux bateaux, on a été rejoints par une troisième famille, puis
trois autres au fur et à mesure du temps. Volley sur la plage,
immenses apéros-plages, fonds marins éblouissants, TOP 1 de tout
cela réunis.
Les Turcs & Caïcos, c'est l'avant
goût des Bahamas. Mais c'est le TOP 1 de l'eau la plus chaude.
Les Bahamas, c'est le plus bel endroit
de ce voyage. Palette de turquoises, sans nuage, requins à gogos (ok
ça c'est moins chouette), cochons nageurs, l'au revoir du côté
caraïbéen... Je ne m'attendais pas à être déçue mais j'ai été
plus qu' époustouflée, comblée, émerveillée... tout ce qui
touche au bonheur. Cependant, la dernière semaine au port de Spanish
Well m'a paru interminable. J'en avais marre de rester
plantée là au milieu du rêve.
Les Bahamas reste mon TOP 1 du paradis,
des bancs de sables, de la beauté en général, de la plus belle
eau, du plus beau sable, j'en passe et des meilleurs...
La traversée retour m'a paru plus
longue et moins aventurière. J'ai beaucoup rêvé « aux
restos » et à tous les bateaux copains déjà à Horta. Mais
c'était pas mal quand même.
Aux Açores on a retrouvé presque tous
nos bateaux copains. On a fait le plein de supers soirées, mangé comme on n'avait pas mangé depuis longtemps, partagé d'autres
projets, d'autres expériences, d'autres découvertes... Je
retiendrais de ce quai toutes ces peintures (dont la nôtre qui a à
présent trouvé sa place), qui apportent une touche de chaque
navigateur à un monde commun. Ici c'est bien sûr le TOP 1 des
au revoir et de toutes ces rencontres qui ont marqué notre voyage et
que l'on n'oubliera jamais.
Et maintenant, c'est notre toute
dernière semaine de nav'. Il faut savoir encore voir la magie tant
qu'elle est encore là, dans les dauphins qui jouent dans les vagues,
dans les soirées de rire et de musique, dans le calme paisible de la
nuit, de savoir que l'on va bientôt retrouver nos proches et à
tous ces instants aussi futiles qu'ils soient, que l'on n'oubliera
jamais. Je ne pleurerai sûrement pas à l'arrivée non plus, même
si c'est dur de dire au revoir à ce qu'on a découvert.
Je vais revenir seulement plus blonde
qu'en partant, tout autant frisée, pas vraiment bronzée, je me
serais ouverte, j'aurais appris à voir plus grand et à apprécier
l'instant présent.
Après avoir écrit tout ça, je
réalise la fin du voyage. On a parfois du mal à l'accepter ou on
l'attend avec impatience, mais moi, je vais plutôt la prendre comme
elle vient, clôturant en beauté cette parenthèse, retournant à la
réalité que l'on appréciera maintenant différemment, (peut être
plus qu'avant) et qui aura changé notre façon de voir nos projets,
nos chances et notre cœur je pense. Les regrets ne servent à rien,
c'est pour ça que je n'en ai aucun.
Sur mon podium le Sénégal et les
Bahamas se partagent la première place. Bien qu'on ne puisse pas
vraiment faire un classement puisque chaque destination a son
charme, ses qualités et ses différences.
Je ne serais pas partie un an de plus
parce qu'un an c'est parfait, on garde contact, on a le temps de
profiter et c'est pas trop dur de continuer le rythme
scolaire.Cependant les navigateurs qui partent des années sont pour
moi des héros (mais après je trouve qu'on est un peu coupé du
monde). Je vais m'arrêter ici, mais avant, j'ai envie de dire merci,
même si ce n'est qu'un mot, il veut dire beaucoup. Merci à vous
tous qui nous avez suivi sur le blog, à tous ceux que nous avons
rencontrés, à tout ce que nous avons vécu et partagé, à tout ce
que la vie a su et saura nous offrir...et surtout à toute ma famille
à qui je ne l'ai jamais assez dit et je ne dirai jamais assez à
quel point je les aime si fort et aussi à Zen qui nous a tellement
tous rapprochés.
Merci à Nomade (Maxou: surfeuse un
jour surfeuse toujours ;p ), à Petite Terre ( Louise: le chocolat, ça
ne se discute pas hein!!!), à En Arbenn (Philou: mon sac à fromage
préféré à jamais), à Mister Fizz (tHibauD et Claire: vive les
rochers cocos, le crumble salé et la moustache pleine de peinture),
à Criquet (il faut qu'on remette vite nos Times up-tartiflettes !!),
à Okamaugo (Rennais en force!!! à Gus le plus chouette des pirates
et Camille la plus belle des sirènes), à Paï-mé (le vernis c'est
pour la vie!!!), à Cyrano (fais pas ci, fais pas ça; retournez
quand vous voulez au restaurant les parents!!!), à Morgane ( divisé
1/3, 5 couleurs pour le ciel, 3 sous l'horizon...), Curieuse (suivez
AZ, quai Horta), à Moon River ( trop chouette les poly pockets!!!),
Daïsho (le secret des grands marcheurs, habiter au 4eme étage sans
ascenseur!!!), Aventura (Allez la France!!!!!!!!), à Philao et
Bubbule (pêcheurs dans l'âme), à Vaga (c'est grâce à vous qu'on
pêche!! alors merci), à Zingaro (on cherche toujours internet), à
Milo One (les parents ont bien aimé la piste de danse), à Speedy
(Lou : pour nos pontons-discussions), Snoozle (à Vigo, à la
Dominique ,que l'on n'oubliera pas), à Dragonera (we love Grenade and
the ski), à Highland Breeze (vous ne lirez jamais ça, mais, votre
bateau, on ne l'oubliera pas), à Sea Hunt (ba-ra-cu-daaaa), à Vixen
( you are the best in the treasure hunt), à Cataja (y'a des garçons
de notre âge à bord??), à Yanneraud ( quand on veut on peut ) et à
tous les navigateurs....
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