Pour plus d'actu de photo et d'info, allez sur le site : zenteam.wix.com/familyzen

jeudi 26 décembre 2013

La traversée

5 décembre, 17h, Mindelo s'éloigne. C'est avec des étoiles pleins les yeux que nous quittons le Cap Vert. Sa diversité et son charme nous ont comblés.
Nous sommes aussi déçus de partir sans En Arbenn qui a un problème avec la pompe à eau de son moteur. Ils partiront 4 jours plus tard.




Solène fête ses 11 ans au soleil couchant . Comme la tradition le veut, on mange des super pâtes Carbo et un apéro digne de ce nom. La vie se fait. Chacun trouve ses activités. Entre la lecture, les films, la cuisine, la navigation et les jeux, personne ne s'ennuie. Je confectionne 1001 décos de noël. Notre hippo en bois, acheté à Dakar, se retrouve avec une culotte de noël. Désormais, chaque jour, nous aurons une case à ouvrir dans notre calendrier de "la vent" qui décompte aussi le nombre de jours avant l'arrivée. Un traineau, une couronne, la crèche ... de bonnes activités pour ne pas s'ennuyer. Bien sûr on est obligé de faire le CNED surtout pendant la journée que nous faisons au moteur.
Ensuite, les conditions se musclent. Le vent monte et la mer se forme. Des creux de trois à six mètres hachent la mer et nous avons l'impression d'être un petit bouchon balloté au gré des vagues. La grand-voile a deux ris et le solent est mis à 70% . Nous prenons 50 noeuds de vent pendant un grain, on accelère a 13 noeuds puis 16 noeuds pendant un surf. Nous prenons le troisième ris. Pendant la manoeuvre, le moteur tribord cale car l'arrivée d'essence se bouche. Papa et Ewen le répareront seulement en arrivant à Grenade.


Les activités sont moins folles, on n'est pas très bien mais personne n'est vraiment malade. Le treizième jour nous lançons une bouteille à la mer avec l'espoir de recevoir une réponse . Le temps est en colère, l'alizé ne faiblit pas et reste entre force 6 et 7 ( soit environ 50 km/h de vent). Nous prenons une option sud et descendons jusqu'à 10°N avant d'empanner pour remonter sur Grenade. Mais rien n'y fait et les conditions restent musclées, en particulier l'état de la mer.
Le dernier jour, la mer se calme, on profite des derniers moments de navigation qui nous ont paru parfois long dans la tourmente. Ewen profite pour relancer la canne et pêche en 2 minutes un très beau barracuda qui vient s'ajouter à la dorade coryphène et au thon de 20kg pêchés quelques jours plus tôt. Le seizième jour au matin, après avoir laissé l'ile de Tobago à babord,  Grenade s'approche. Sa verdure luxuriante s'offre à nous, il ne nous reste plus qu'à la découvrir.



Nous aurons parcouru 2450 milles en 15 jours avec un moyenne de près de 7 noeuds et une sacrée expérience de navigation acquise par tous.

Juliette

samedi 21 décembre 2013

BREVES D´ANTILLES

NOUS SOMMES ARRIVES CE 21 DECEMBRE MATIN A GRENADE – STOP – FORTE BRISE SUR LE PARCOURS – STOP – HEUREUX D´ARRIVER DANS LES CARAIBES – STOP – ON VOUS RACONTE BIENTOT- STOP
La ZEN TEAM

jeudi 5 décembre 2013

DU SENEGAL AU CAP VERT

Après 2 jours au CVD où l'équipe médicale de VSF se prépare pour sa mission, nous embarquons pour notre « second Golfe de Gascogne », 340 milles qui vont s'avérer plus costauds que ce dernier : vent de travers à 20/25 nœuds avec une houle et des vagues qui hachaient la mer. Pas de malades mais pas une activité débordante de l'équipage.
Nous sommes arrivés au petit matin du troisième jour sur Boa Vista, avec une entrée coûteuse et compliquée sur le plan administratif. Cette île n'étant normalement pas une île d'entrée au cap Vert et la commandante en chef n'est pas une rigolote : elle nous colle une amende ! Nous allons passer 3 jours dans cette île aux grandes plages de sable fin et blanc. Juliette a continué à peaufiner ses jibes, mais Guillaume n'a pas pu profiter du vent si célèbre dans cet archipel. De grands complexes hôteliers sont parsemés dans l'île et nous espérons que la folie canarienne ne touchera pas cette île magnifique,  et encore sauvage, sous le soleil Cap verdien .

Après un grosse journée de navigation et un manille cassée en tête de mat, nous regagnons au moteur Sao Nicolau. Nous sommes accueillis par En Arbenn et Daisho avec lequel nous parcourons la petite ville de Tarrafal en quête de musique capverdienne. Nous nous retrouvons dans le stade de foot où les grands organisent bérets et courses en sac pour les plus jeunes. Nous terminons la soirée autour d'un grogue (rhum local). Le lendemain, après une matinée CNED, nous découvrons par une marche tout en descente une vallée verdoyante où poussent, sur des terrasses, cannes à sucre, bananiers et autres légumes.
La ville principale de Ribeira Brava est très calme en ce dimanche soir et nous regagnons sans attendre le bateau. Le lendemain nous partons à 14 pour une grande randonnée, tout d'abord en aluguer (taxi local). Il nous dépose au bout d'une route ou plutôt d'une piste. Après une courte montée nous découvrons une vallée luxuriante où les maisons s'accrochent aux parois rocheuses, accessibles uniquement à pied et avec les ânes, qui sont ici les meilleurs amis de l'homme. Les personnes rencontrées sont souriantes, toujours un salut de la tête ou quelques mots. Nous regrettons de pas parler portugais. Les enfants nous suivent, partagent notre repas. Arrivés à Ribeira Funda en bord de mer après une descente de 1000 mètres, nous sentons des effluves du grogue. Nous sommes invités à venir voir leur distillerie et nous repartons avec un litre chacun d'un grogue savoureux et encore chaud, premier entrainent avant les Antilles, mais aussi Sao Antao, qui en fait sa spécialité. Notre guide « papier » nous indiquant des piscines naturelles creusées dans le basalte, nous demandons à notre chauffeur d'aluguer de nous y conduire. Il le fait volontiers et, après un trajet chaotique dans la partie désertique de l'île, nous découvrons une côte magnifique, sculptée par la mer. Les vagues déferlantes ne nous permettent pas de nous baigner, mais quel merveilleux spectacle! C'est donc encore une belle surprise qui clôture cette découverte de Sao Nicolau.

C'est au moteur que nous regagnons Soa Vicente et Mindelo, dernier port avant le grand saut vers l'Atlantique. Nous faisons cependant une halte à Santa Luzia, l'île déserte. Petit luxe que nous permet le bateau. A peine arrivés, les enfants sont invités pour une partie de volley sur la plage avec un autre équipage, alors que nous portons assistance à des pêcheurs, tout d'abord en panne d'essence: nous leur donnons 5 litres pour lesquels ils nous offrent 2 magnifiques poissons Puis en panne moteur, et nous prêtons d'une clé de 10. Nous ne mettrons pas le pied à terre mais le paysage est grandiose.
A Mindelo nous arrivons directement au port. Les bateaux ici sont de toute taille (de 21 à 112 pieds pour les bateaux à voile!), et se préparent tous à traverser. Nous retrouvons En Arbenn, arrivé la veille et avec lequel nous projetons la visite de Sao Antao, et peut être la traversée. Solène rencontre enfin des enfants de son âge avec lesquels elle pêche, se baigne...le bonheur.
Tout le monde nous disait de ne pas omettre Sao Antao dans notre programme. En effet, cette île va nous enchanter encore une fois. Nous allons faire 2 magnifiques ballades, tout d'abord de Cuzinha da Garça à Ponto do Sol. Chemin pavé, accroché à la falaise, qui permet de relier des villages installés dans les vallées plus arrosées mais toujours aussi escarpées. Chaque pan de montagne est exploité malgré la pente vertigineuse. Nous croisons beaucoup de cap-verdiens de tout âge qui rentrent chez eux et nous imaginons leur vie dans ces lieux qui nous paraissent si inaccessibles, bien loin de notre mode vie citadin et auto-véhiculé.
Après une bonne soirée, nous repartons à l'assaut du cratère de Cova et la vallée de Paul. 6 heures de marche tout d'abord dans le cratère exploité, pour un fois à plat, puis le long du volcan avec ses 77 célèbres virages parmi les plantations de cannes, bananiers, plans de café.....Les maisons sont plus traditionnelles avec leur toit en feuille de palmiers. Les cap-verdiens que nous croisons nous proposent café, grogue, goyaves... que nous ne refusons pas. Quelle gentillesse et quel plaisir de faire ses courses dans ce paysage !
Nous quittons En Arbenn et nous nous dirigeons vers la surprise que Guillaume a réservée aux enfants, à savoir des bungalows avec une piscine. L'endroit est calme, en pleine nature et il nous permet de prendre du temps avant de regagner le lendemain notre bateau et les derniers préparatifs.
Voilà, notre étape de ce côté de l'Atlantique se termine, et nous sommes à la fois impatients et un peu anxieux de faire cette traversée tant attendue, rêvée !
Le Cap vert nous aura ravi même si nous ne connaissons pas les îles sous le vent...une prochaine fois peut être.


SINE SALOUM

Nous sommes à l'aube de notre départ du Sénégal. Les navigateurs rencontrés avant notre départ avaient raison: « après cette escale, vous ne serez plus les mêmes ». En effet, nous avons été touchés en plein cœur par cette population à la joie de vivre extraordinaire, qui fait oublier le dénuement extrême dans lequel ils vivent. La rencontre avec les instituteurs, tous très différents, était à chaque fois très touchante. Fodé, à Baouth, Mamécor à Diamniadio, Karamba à Roffangué et toute l'équipe de Siwo, tous, « missionnaires de l’alphabétisation », ils mènent leurs élèves à l'équivalent du certificat d'étude, avec l'espoir qu'ils suivent ensuite le cursus jusqu'au Bac. Pas de moyens, isolés dans des villages enclavés d'où ils ne repartent qu'une fois par mois dans leur famille, des parents à convaincre de mettre leur enfant à l'école, mais une volonté extraordinaire...
VSF était notre drapeau pour apporter une aide précieuse dans les villages. Notre séjour n'est qu'une goutte d'eau dans un océan de besoins, mais l'action de l'association se voit, après de nombreuses années et de nombreux bateaux qui rejoignent les villages au fond des bolons, totalement enclavés. Siwo, avec la construction d'une maison pour les instituteurs, est un bel exemple de ce qu'une aide récurrente, adaptée, peut faire pour le village : le progrès passera par l'école et VSF permet à ces instits en « mission » de faire un boulot magnifique.
Nous profitons encore quelques jours de la compagnie de Daniel et Noëlle, sur Morgane, avec qui nous partageons nos émotions et des parties de pêche au filet dans le bolon. Ils continuent avec la mission médicale et partent ensuite au Brésil...nos chemins finiront donc par se séparer.
Ewen, très à l'aise parmi les enfants et avec les instits, repart avec des projets plein la tête, en particulier pour l'école de Diamniado où il a pu voir le récupérateur d'eau en construction. Le contact direct sur plusieurs jours avec le directeur lui a permis de mieux appréhender les problèmes qu'il rencontre : conditions climatiques, vie rude pour les habitants mais aussi pour le matériel, d'où l'importance de l'entretien et des matériaux utilisés.... un bonne école pratique!
Les filles, entre partie de foot et ballades, main dans la main avec des dizaines d'enfants qui nous suivent partout dans les villages, prennent le rythme sénégalais et améliorent de jour en jour leur savoir faire en danse Serer !


On aura réussi à se faire arraisonner au milieu du fleuve par la marine sénégalaise, attirée par notre signalement à l'AIS, qui a fait un contrôle en règles, avec finalement un contact très sympa...

C'est avec le cœur gros et les larmes dans les yeux que nous sommes rentrés sur Dakar pour avoir notre tampon de sortie du territoire ….afin de pouvoir y revenir bientôt ! Nous retrouvons à Dakar JB qui nous apporte les pièces manquantes (MERCI!!) et l'équipage de Criquet, Pauline et Vincent. On s'était croisé à Vannes, il leur restait un boulot impressionnant pour mettre le Karaté à niveau : on est vraiment heureux de les voir là, rayonnants, à fond dans leur beau projet qu'ils savent si bien faire partager, y compris à travers la vidéo : les enfants ont pris un max d'idées....


Juliette aime le Siné Saloum !

Je pourrais écrire un livre, je pourrais en écrire 2 ou 3 … Je ne sais pas. Comment écrire le plus beau moment de sa vie en résumé ? Surtout quand les vrais mots n'existent pas pour décrire des moments comme ça, que la seule façon de les apprécier, c'est de les vivre, que de les rêver c'est 1000 fois moins bien qu'en vrai....Pourtant quand on veut on peut, alors je vais essayer....
A peine ancrés, les tam-tams et les rires se faisaient déjà entendre. A Baouth, premier village visité, c'est dans une sorte de kiosque que tout le village était rassemblé. Leurs instruments n'étaient que bidons, ou casseroles avec des morceaux de bois ou des tongues, mais peu importe, c'était entraînant et plein de vie !

Les femmes qui dansaient, tapant du pied avec une envie encore plus folle à chaque fois, amenant les plus petites sur la piste de danse et ensuite....nous, c'était incroyable ! Nous faisions de notre mieux à chaque fois, et on y prenait du plaisir. Gênés au début, au bout de quatre villages, on est tous des pro !

On a eu des discours, se mêlant au rythme, les émotions n'ont fait que tournoyer. Ils nous ont dit qu'il ne pouvaient rien nous donner à part la fête et leur joie de vivre, mais pour nous, c'était le plus beau des cadeaux.
A midi, nous avons été accueillis par une famille du village avec les instituteurs, assis par terre pour manger un Tiep Bou Dien, plat national sénégalais, un seul plat pour tous mais avec des cuillères heureusement !


       Juliette