Après 2 jours au CVD où l'équipe
médicale de VSF se prépare pour sa mission, nous embarquons pour
notre « second Golfe de Gascogne », 340 milles qui vont
s'avérer plus costauds que ce dernier : vent de travers à
20/25 nœuds avec une houle et des vagues qui hachaient la
mer. Pas de malades mais pas une activité débordante de l'équipage.
Nous sommes arrivés au petit matin du
troisième jour sur Boa Vista, avec une entrée coûteuse et
compliquée sur le plan administratif. Cette île n'étant normalement
pas une île d'entrée au cap Vert et la commandante en chef n'est pas
une rigolote : elle nous colle une amende ! Nous allons
passer 3 jours dans cette île aux grandes plages de sable fin et
blanc. Juliette a continué à peaufiner ses jibes, mais Guillaume
n'a pas pu profiter du vent si célèbre dans cet archipel. De grands
complexes hôteliers sont parsemés dans l'île et nous espérons que
la folie canarienne ne touchera pas cette île magnifique, et encore
sauvage, sous le soleil Cap verdien .
Après un grosse journée de navigation
et un manille cassée en tête de mat, nous regagnons au moteur Sao
Nicolau. Nous sommes accueillis par En Arbenn et Daisho avec lequel
nous parcourons la petite ville de Tarrafal en quête de musique
capverdienne. Nous nous retrouvons dans le stade de foot où les grands
organisent bérets et courses en sac pour les plus jeunes. Nous
terminons la soirée autour d'un grogue (rhum local). Le lendemain, après une matinée CNED, nous découvrons par une marche tout en
descente une vallée verdoyante où poussent, sur des terrasses, cannes
à sucre, bananiers et autres légumes.
La ville principale de Ribeira Brava
est très calme en ce dimanche soir et nous regagnons sans attendre
le bateau. Le lendemain nous partons à 14 pour une grande randonnée,
tout d'abord en aluguer (taxi local). Il nous dépose au bout d'une
route ou plutôt d'une piste. Après une courte montée nous
découvrons une vallée luxuriante où les maisons s'accrochent aux
parois rocheuses, accessibles uniquement à pied et avec les ânes,
qui sont ici les meilleurs amis de l'homme. Les personnes rencontrées
sont souriantes, toujours un salut de la tête ou quelques mots. Nous
regrettons de pas parler portugais. Les enfants nous suivent,
partagent notre repas. Arrivés à Ribeira Funda en bord de mer après
une descente de 1000 mètres, nous sentons des effluves du grogue.
Nous sommes invités à venir voir leur distillerie et nous repartons
avec un litre chacun d'un grogue savoureux et encore chaud, premier
entrainent avant les Antilles, mais aussi Sao Antao, qui en fait sa
spécialité. Notre guide « papier » nous indiquant des
piscines naturelles creusées dans le basalte, nous demandons à notre
chauffeur d'aluguer de nous y conduire. Il le fait volontiers et, après un trajet chaotique dans la partie désertique de l'île, nous
découvrons une côte magnifique, sculptée par la mer. Les vagues déferlantes ne
nous permettent pas de nous baigner, mais quel merveilleux spectacle! C'est donc encore une belle surprise qui clôture cette découverte de
Sao Nicolau.
C'est au moteur que nous regagnons Soa
Vicente et Mindelo, dernier port avant le grand saut vers
l'Atlantique. Nous faisons cependant une halte à Santa Luzia, l'île
déserte. Petit luxe que nous permet le bateau. A peine arrivés, les
enfants sont invités pour une partie de volley sur la plage avec un
autre équipage, alors que nous portons assistance à des pêcheurs,
tout d'abord en panne d'essence: nous leur donnons 5 litres pour lesquels ils nous
offrent 2 magnifiques poissons Puis en panne moteur, et nous prêtons d'une clé de 10. Nous ne mettrons pas le pied à terre mais le
paysage est grandiose.
A Mindelo nous arrivons directement au
port. Les bateaux ici sont de toute taille (de 21 à 112 pieds pour
les bateaux à voile!), et se préparent tous à traverser. Nous
retrouvons En Arbenn, arrivé la veille et avec lequel nous projetons
la visite de Sao Antao, et peut être la traversée. Solène rencontre
enfin des enfants de son âge avec lesquels elle pêche, se
baigne...le bonheur.
Tout le monde nous disait de ne pas
omettre Sao Antao dans notre programme. En effet, cette île va nous
enchanter encore une fois. Nous allons faire 2 magnifiques ballades,
tout d'abord de Cuzinha da Garça à Ponto do Sol. Chemin pavé, accroché à la falaise, qui permet de relier des villages installés
dans les vallées plus arrosées mais toujours aussi escarpées.
Chaque pan de montagne est exploité malgré la pente vertigineuse.
Nous croisons beaucoup de cap-verdiens de tout âge qui rentrent chez
eux et nous imaginons leur vie dans ces lieux qui nous paraissent si
inaccessibles, bien loin de notre mode vie citadin et auto-véhiculé.
Après une bonne soirée, nous
repartons à l'assaut du cratère de Cova et la vallée de Paul. 6
heures de marche tout d'abord dans le cratère exploité, pour un
fois à plat, puis le long du volcan avec ses 77 célèbres virages
parmi les plantations de cannes, bananiers, plans de café.....Les
maisons sont plus traditionnelles avec leur toit en feuille de
palmiers. Les cap-verdiens que nous croisons nous proposent café,
grogue, goyaves... que nous ne refusons pas. Quelle gentillesse et
quel plaisir de faire ses courses dans ce paysage !
Nous quittons En Arbenn et nous nous
dirigeons vers la surprise que Guillaume a réservée aux enfants, à
savoir des bungalows avec une piscine. L'endroit est calme, en
pleine nature et il nous permet de prendre du temps avant de regagner
le lendemain notre bateau et les derniers préparatifs.
Voilà, notre étape de ce côté de
l'Atlantique se termine, et nous sommes à la fois impatients et un peu anxieux de faire cette traversée tant attendue, rêvée !
Le Cap vert nous aura ravi même si nous
ne connaissons pas les îles sous le vent...une prochaine fois peut
être.